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Saint Émilion 2023 : Notes de dégustation

Colin Hay, correspondant de db à Bordeaux, donne ses notes de dégustation complètes pour les vins de Saint Émilion, suite à la publication de son rapport sur l'appellation.

Notes de dégustation détaillées

N°3 d'Angelus (Saint Émilion ; 85% Merlot ; 10% Cabernet Fran ; 5% Cabernet Sauvignon ; 9 hectares dont les plus jeunes vignes du Carillon d'Angelus ; dégusté à Angélus avec Benjamin Laforêt, Hubert de Boüard et Stephanie de Boüard-Rivoal). Des fruits croquants et brillants et une petite touche de noix. Il est issu d'une fermentation à froid, plus classiquement utilisée pour les blancs, afin de préserver les notes aromatiques plus douces, et surtout la floralité et la pureté du fruit. Framboises fraîches et écrasées, très fraîches et très pures. Fleurs blanches et un peu de fleur de framboisier. Fleur d'oranger. Orange sanguine. C'est un vin délicat, mais avec une belle charpente ample et un milieu de bouche très cristallin. Frais et très pur, avec des tanins très gracieux. Soyeux et étagé - comme un foulard qui se déploie dans la brise. Hyper frais et pur. Très raffiné et élégant avec une belle finale enlevée. 91-93+.

 

Angélus (Saint Émilion ; 60% Merlot ; 40% Cabernet Franc - principalement de vieilles vignes ; dégusté à Angélus avec Benjamin Laforêt, Hubert de Boüard et Stephanie de Boüard-Rivoal). Introverti, mais floral. Pivoine. Un peu de muguet. Glycine. Pétale de rose. Huile de noix, huile d'olive de première pression avec son piquant poivré aussi. Cerises rouges et noires, damons, prunelles, mûres. Fruits rouges. Un léger soupçon de cèdre à venir, mais d'abord juste une suggestion. Très raffiné, élégant et posé. Plongée douce et cristalline. Le plus subtil des vins d'Angélus, à ce stade naissant. Le cabernet franc est la star ici, avec son fruit de myrtille sauvage et sa floralité qui ont la possibilité de s'exprimer. Très ample en bouche, avec de belles couches soyeuses, brillantes et pures, les notes de cabernet remontant de la surface vers le bas. L'aération en bouche libère les plus beaux jus de cèdre et de fruits rouges, apportant une tension supplémentaire. Sapide, juteux, radieux et assez classique d'une certaine manière. Le fruit est délicieusement croquant. Un vin d'une grande harmonie et d'une grande prestance. Très long - avec une longueur soutenue par la qualité du fruit du cabernet, la signature d'Angélus. 96-98.

 

Annonce de Bélair-Monange (Saint Émilion ; 98% Merlot ; 2% Cabernet Franc ; dégusté à la propriété). Très impressionnant. Cassis. Pur, précis, finement texturé et d'une grande intensité, concentration et densité. Un second vin à rechercher dans un millésime où cela est rare. Un style proche du grand vin, avec une belle prestance, de la finesse et une précision pixellisée. 91-93.

 

L'Archange (St Emilion ; 100% Merlot ; issu d'un minuscule vignoble d'un hectare sur sable avec un sous-sol argileux ; rendement final de 35 hl/ha ; le vigneron consultant ici est Pascal Chatonnet ; dégusté à Haut-Chaigneau avec Pascal Chatonnet). Jolie composition, pas trop large mais plus dense et compacte de ce fait. Brillant, limpide, généreux et fait pour durer. Il faut du temps pour que le chêne s'incorpore. Impressionnant de substance. 91-93.

 

Arômes de Pavie (Saint Émilion ; 50 % merlot ; 50 % cabernet franc ; rendement final de 34 hl/ha ; pH 3,65 ; 14,5 % d'alcool ; dégusté à Pavie avec Olivier Gailly). Très joli. Le cabernet franc a la possibilité de s'exprimer et il a beaucoup de choses à dire ! Iris. Correspondance frappée. Encens. Cerise noire et ronce. Cire de bougie. Bouche d'une intensité impressionnante de petits fruits rouges dodus et croquants. Bien structuré et considérable. Très Côte de Pavie : sombre et compact au cœur, sphérique en bouche et avec beaucoup d'énergie - plus qu'il n'y en avait auparavant. Les tanins granuleux indiquent une longue vie à venir. Un beau retour au terroir, avec beaucoup de vieilles vignes dans ce vin. Puissant, oui, mais élégant et stylé aussi - et très expressif des valeurs du grand vin. 93-95.

 

Ausone (Saint Émilion ; 60 % cabernet franc ; 40 % merlot ; dégusté à Ausone avec Alain Vauthier ; certifié biologique). Il est d'abord discret et introverti, mais ce qu'il révèle est tout à fait magnifique et d'autant plus séduisant qu'il est plutôt sotto voce. Graphite, cèdre, et beaucoup de cabernet franc en évidence - cette coprésence de cèdre et de myrtille, un peu de thym, de plus en plus de graphite et de noix avec l'aération et les notes de cerise noire qui se dégagent sous tout cela, apportant un sens aromatique de la stratification. Le pot-pourri et les pétales de rose séchés se révèlent avec un peu plus d'insistance dans le verre. Le chêne est encore un peu présent, surtout dans le verre vide, mais il a besoin de temps. En bouche, ce vin est merveilleusement gracieux et svelte. Il est d'abord frais, comme si les tanins très doux rafraîchissaient le palais et le détendaient pour laisser entrer les baies fraîches et les fruits à noyau. Des cerises et des damsons, un peu de myrtille et de ronce. La densité et la compacité sont importantes malgré le souffle et l'amplitude. Cela fait ressortir les joues, juste un peu, les tanins se rassemblant à l'avant de la bouche. Et il y a une prise et un pincement brillants juste avant la finale en queue de poisson, qui est incroyablement précise et relevée. Calme et tranquillité. Un vin intemporel dont la dégustation est un privilège. 96-98+.

 

Badette (St Emilion ; 67% Merlot ; 30% Cabernet Franc ; 3% Cabernet Sauvignon ; rendement final de 45 hl/ha ; 15% d'alcool ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Un nouveau venu dans les rangs des Grands Crus Classés et quelques changements subtils dans l'étiquette pour ce millésime également. Terreux, avec des fruits noirs, du poivre noir écrasé et un peu d'épices douces. Graphite, juste un soupçon d'acacia. Réglisse. Le chêne n'est pas encore totalement intégré, mais je le trouve plutôt bien assaisonné. Dodu, avec une structure assez serrée, assez dense en fruits pour le millésime. Bien qu'il n'ait pas la complexité et la délimitation des meilleurs vins, il est certainement bien fait et bien géré, avec des tanins souples mais un peu mâchus en fin de bouche. L'un des rares à atteindre 15 degrés d'alcool, et on le sent un peu en fin de bouche. 89-91.

 

Balestard La Tonnelle (Saint Émilion ; 57% Merlot ; 35% Cabernet Sauvignon ; 8% Cabernet Franc ; rendement final de 36 hl/ha ; dégusté à La Dominique et à Dassault ; certifié biologique). Un profil attrayant de fruits rouges et de baies plus foncées, un peu de pain grillé et d'épices douces provenant du chêne. La texture est assez ouverte et les extractions ne sont pas trop poussées, ce qui permet à une floralité délicate et brillante d'émerger à l'aération. En bouche, ce vin est bien formé avec un noyau central bien défini et richement chargé en fruits. Il n'est pas particulièrement long ni terriblement complexe, mais il est bien géré et bien équilibré. 89-91.

 

Beauséjour (Saint Émilion ; 70 % merlot ; 30 % cabernet franc ; 60 % de chêne neuf ; rendement final de 46 hl/ha ; 14 % d'alcool ; dégusté deux fois, la première fois à Belgrave et ensuite à Beauséjour avec Joséphine Duffau-Lagarrosse, avec des notes pratiquement identiques ; Axel Marchal et Julien Viaud sont co-consultants et une toute nouvelle installation de vinification, offrant encore plus de précision, sera mise en place pour le millésime 2024). Frais et chatoyant, avec une énergie et une vivacité fabuleuses. Graphite, un peu de cèdre, de myrtille et d'encre de stylo noir, une petite note de rasage de crayon, un peu d'encens et des extraits parfumés de rose, de pivoine et de violette. Huile de noix. Dense et compact, avec une belle charpente large et les tanins calcaires les plus gracieux mais aussi les plus pixellisés qui s'insèrent entre les deux et, ce faisant, délimitent les milles feuilles de soie et de cachemire qui semblent se superposer et s'entrelacer. Si gracieux. Et avec une telle finesse. Plus délicat et raffiné que le 2022 et au moins aussi impressionnant. J'adore la forme de ce vin en bouche : les tanins dessinent en quelque sorte les paramètres en forme de losange d'un trou noir dont la densité augmente de façon exponentielle vers le centre - une sorte de point de fuite, tout comme celui vers lequel le vin se rétrécit sur la finale qui semble interminable. Il est magnifiquement composé avec un noyau serré et densément chargé. Le terroir supérieur est présenté avec une telle éloquence, un tel respect et une telle articulation. Succulent, salivant, sapide et fabuleusement rafraîchissant. 98-100.

 

Beau-Séjour Bécot (Saint Émilion ; 77% Merlot ; 23% Cabernet Franc ; rendement final de 39 hl/ha avec les vieilles vignes ; élevage en fûts de chêne dont 55% sont neufs ; dégusté à Beau-Séjour Bécot avec Jean de Cournuaud ; premier millésime vinifié dans le nouveau chai, reçu par hasard quelques jours avant le début des vendanges). Magnifique baie foncée et très pixellisée dans ses détails. Framboise, myrtille, mûre. Graphite. Crayon à gratter. Violette. En bouche, la cerise noire et la myrtille sont enveloppées de violette, avec une sensation vive de la texture des baies entières et de la peau de la cerise. Poli, soyeux, mais avec beaucoup de compacité et de densité en milieu de bouche. Très sphérique, avec une longue descente gracieuse et effilée vers l'horizon lointain. Asymptotique ! Un vin profondément impressionnant. Tellement frais, net et concentré, avec une belle structure avant la queue de poisson, sculptée par les tanins calcaires friables. J'adore la floralité de ce vin et l'impression qu'elle est entièrement imbriquée dans le fruit à travers le palais. En fait, j'ai très envie de le déguster à nouveau dans 10 ans aux côtés du Clos Fourtet - tous deux extrêmement gracieux mais de forme très différente, tous deux très floraux et tous deux brillamment expressifs de leur terroir calcaire. 96-98.

 

Bélair-Monange (Saint Émilion ; 98 % de merlot ; 2 % de cabernet franc ; rendement final de 45 hl/ha, dont 55 % de la production est sélectionnée pour le grand vin ; élevage en fûts de chêne, dont 50 % sont neufs ; dégusté à la propriété). Brillant. Après avoir goûté Annonce, avec une signature fruitée très similaire, on est surtout frappé par la floralité du grand vin - et elle est grande. Des pivoines rayonnantes, des pétales de roses roses écrasées, un peu de violette - tout simplement charmant. Si fin, si pur, si mesuré, si élégant et posé. De la soie entremêlée de cachemire et d'une pixellisation si fine. Cerises sombres, mûres et mûres de Logan. Graphite et une première trace du cèdre qui sera omniprésent dans ce vin au fur et à mesure qu'il vieillira en bouteille. Des pétales écrasés et des essences de parfums assorties se retrouvent, une fois de plus, en bouche. Un vin si subtil et élégant, plein de raffinement - ce qui est rare dans le millésime. Un bel équilibre et une belle harmonie naturelle. Le meilleur des vins de Moueix, au sommet de l'appellation. Une sublime combinaison de salinité et de sapidité en finale. Quelle grâce et quelle profondeur. 96-98+.

 

Bellefont-Belcier (St Emilion ; 72% Merlot ; 18% Cabernet Franc ; 10% Cabernet Sauvignon ; rendement final de 45 hl/ha ; 14,5% d'alcool ; 14 hectares sur argilo-calcaire et Molasses de Fronsadais ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault et ensuite à la propriété avec Emmanuelle Fulchi et Jean-Christophe Meyrou ; comme dans tous les domaines des Vignobles K, il n'y a pratiquement pas eu de pertes ici à cause du mildiou). Wow ! Magnifique et très expressif sur le plan aromatique. Je le trouve incroyablement exubérant dans sa floralité - des notes relevées de jacinthe, de pivoine et de glaïeul, mais aussi de safran. Une touche d'huile d'olive de première pression avec tout son poivre. Ce vin est épicé, avec une touche de cannelle et de noix de muscade. Il est également giboyeux, avec presque un goût de viande riche de lièvre à la royale. Super svelte, frais comme un miroir au centre et cristallin, mais avec une densité et une compacité dignes d'un Côte de Pavie. Ce vin est vraiment excellent pour le millésime et l'on sent vraiment l'attention portée aux détails. Fantastique et le meilleur que j'aie jamais goûté ici. Un véritable coup de cœur. 94-96+.

 

Berliquet (St Emilion ; 59% merlot ; 41% cabernet franc ; rendement final de 45 hl/ha ; pH 3,53 ; 14% d'alcool ; dégusté d'abord à la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du Vin et ensuite à Canon - dernier vin dégusté lors d'une longue journée et il a brillé). Premier millésime vinifié dans le nouveau cuvier, avec 15 petites cuves remplaçant les 9 grandes cuves du passé. Cela explique en partie le gain de précision ici. Nous sommes maintenant très proches du Canon en termes qualitatifs. Les caractères des deux terroirs sont cependant très différents (la combinaison du plateau et des côteaux donne ici une impression supplémentaire de profondeur verticale). Floral, aromatiquement un peu fermé et intime, mais on est immédiatement séduit. Un magnifique cèdre se développe avec très peu d'aération. Plus de gravité que le Canon, en fait, mais avec la même intensité de fruit. Plus terreux que crayeux. La signature du cabernet franc est si douce et gracieuse. Séduisant. Des violettes. Iris. Lavande et romarin. Souple et dodu en bouche, mais assez délicat, ce qui permet au cabernet franc de s'exprimer pleinement. De magnifiques tanins de calcaire sculptent délicatement ce vin et libèrent également cette salinité caractéristique du calcaire. Excellent, mais très délicat et élégant. Belle harmonie fraîche, avec beaucoup de menthol. Passionnant. Le meilleur jamais obtenu ici. Un autre coup de cœur (cette partie de l'alphabet à Saint-Émilion semble incroyablement forte cette année !) 95-97.

 

Boutisse (St Emilion ; 14,5% d'alcool ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Un nouveau venu dans les rangs des Grands Crus Classés - et un nouveau venu très apprécié. Une fois de plus, Boutisse nous offre un très beau vin. Ce vin est succulent, dodu et juteux, avec des baies et des fruits à noyaux - prunelles, mamelon, mûre et ronce. Les tannins sont assez présents, mais ils sont très raffinés et polis, et le milieu de bouche est très fruité. En bref, c'est un vin qui a tout ce qu'il faut pour aller loin, mais qui est déjà délicieusement accessible, grâce à l'élégance et à la définition du fruit et au dynamisme et à l'énergie qu'il confère au milieu de la bouche. Soyeux, élégant et plein d'astuce. 92-94.

 

Cadet Bon (St Emilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Un autre nouveau venu dans les rangs des Grands Crus Classés, même si ce n'est pas un vin que je connais très bien. Floral, avec une petite note de jacinthe, du safran aussi, des fruits rouges et noirs croquants - framboise et groseille, un peu de cassis et de ronce. Un peu de poivron également. L'acidité est cependant assez prononcée, bien qu'elle se révèle plus sur l'attaque très fraîche que sur la finale. Les tannins sont friables mais s'orientent un peu vers le côté sec. 88-90.

 

Calicem (Saint Émilion ; 100 % merlot ;8e production de ce vin issu d'une seule parcelle contiguë à Angélus et Beauséjour, il a maintenant une personnalité très cohérente ; Thomas Duclos est consultant ici ; rendement final d'environ 30 hl/ha provenant de vignes âgées d'environ 60 ans ; vinifié dans 500 litres de fûts de chêne neufs provenant de 4 tonnelleries et avec pigeage à la main ; pH 3,65 ; 14 % d'alcool ; dégusté au Couvent des Jacobins en compagnie de Xavier Jean). L'aromatique est chatoyante et pure, avec un mélange très pur de fruits rouges et de baies plus foncées, la maturité agréable conférant une douce sucrosité naturelle qui n'est pas surprenante si l'on considère l'emplacement de la parcelle. Pivoine. Huile de noix. Cassis et framboise, un peu de fruit à noyau avec plus d'aération. Ce vin a une belle charpente compacte, magnifiquement remplie de petits fruits dodus et somptueux, une belle pixellisation et une structure douce, les tannins calcaires se rassemblant en fin de bouche pour donner à ce vin une finale délicieusement poudreuse et crayeuse. Brillant. Long et assez relevé. Pur, précis et très bien fait. Succulent. L'un des meilleurs vins monocépages de l'appellation. 94-96.

 

De Candale (Saint Émilion). Plus ample et plus riche que le Roc de Candale, le fruit est un peu plus foncé et plus axé sur les baies que sur les noyaux - bien qu'il y ait un peu de damson pour accompagner les mûres et les ronces. Agréablement percutant à l'attaque et frais sans jamais faire allusion à l'astringence, j'aime ce vin, même s'il fait partie de ces vins dont la linéarité et la précision révèlent peut-être aussi un certain manque de complexité. Mais il est très bien fait. 89-91.

 

Canon (Saint Émilion ; 71% merlot ; 29% cabernet franc ; rendement final de 45 hl/ha ; pH 3,42 ; 14% d'alcool ; dégusté lors de la dégustation presse de l'UGC à la Cité du Vin puis à Canon même). Sublimement Canon ! Sombre, riche, frais, posé, apaisant, intime, un peu comme si l'on entrait dans une chapelle sombre sous le soleil d'été et que l'on se concentrait ensuite sur les détails des vitraux. Pixilé - en couleur. La sensation de netteté provient des détails et de la définition supplémentaires apportés par les tanins poudreux et crayeux. Graphite, baies noires et, surtout, fruits à noyaux, avec une charmante et gracieuse touche de feuille de Cabernet. Somptueux et sinueux, avec juste ce qu'il faut de concentration en fruits pour lui permettre de tisser son chemin magique sur le palais. Moins substantiel que les millésimes récents, mais une belle expression du millésime. Finesse de l'assaisonnement, surtout avec de la fleur de sel calcaire ! 96-98.

 

Canon La Gaffelière (Saint Émilion ; 35 % merlot ; 45 % cabernet franc ; 20 % cabernet sauvignon ; rendement final de 35 hl/ha ; élevage en fûts de chêne, dont seulement 40 % sont neufs ; 13 % d'alcool ; dégusté avec Stéphane et Ludovic von Neipperg à la propriété le samedi suivant la semaine en primeur, juste avant qu'une importante tempête de grêle ne soit interrompue par le nouveau système de défense de Saint Émilion, déclenché de façon plutôt impressionnante par le téléphone portable de Ludovic). Le plus beau nez. Cèdre. Graphite. Violette et violette de Parme. Pétales de rose écrasés sur cerise noire et damon. Thé vert et macha. Très séduisant et pourtant assez opulent pour le millésime. Une note rayonnante de cèdre se développe également dans le verre. La texture est assez ouverte, avec un peu moins de profondeur et de densité que le nez ne le laisse présager. Fluide et sinueux. J'adore ce style - un délicat exercice d'équilibre entre la largeur de la charpente pour donner au cabernet l'espace nécessaire pour s'exprimer et l'extraction pour lui donner de la substance et lui permettre de vieillir. Un vin qui s'ouvre et se construit vraiment dans le verre. Très frais, vif, énergique et élégant. 93-95+.

 

Carillon D'Angélus (Saint Émilion ; 90% Merlot ; 10% Cabernet Franc ; ; dégusté à Angélus avec Benjamin Laforêt, Hubert de Boüard et Stephanie de Boüard-Rivoal). Poivre blanc et rose, légèrement écrasé, un peu de muscade et de cannelle, des herbes sauvages, du cassis rouge, blanc et noir avec un peu de leur feuillage, des cerises rouges et un peu de cerise griotte aussi. Les tanins calcaires encadrent et sculptent le vin en lui donnant une belle structure qui lui confère beaucoup de profondeur et de concentration. Vif et intense. Le Cabernet danse vraiment dans l'espace qui lui est donné par le cadre établi par l'interaction entre le Merlot et les tannins. Menthol en fin de bouche. Impressionnant de pureté et sans aucune sensation de chêne. Si succulent et juteux, sapide et frais. Un vin rouge fait comme un blanc et avec toute l'énergie et la tension naturelles que l'on trouve dans les meilleurs blancs du millésime. 93-95.

 

Cap de Mourlin (Saint Émilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Aromatiquement explosif et très vertical. Feux d'artifice, cordite, fumée de chêne, cerises rouges et noires écrasées, ronces également. Le chêne n'est pas encore totalement intégré - il sert en fait à souligner et à faire ressortir une douce floralité. En bouche, ce vin est doux à l'attaque, assez dense et compact, mais il manque peut-être un peu de délimitation. Les tanins sont un peu secs en fin de bouche. Un vin assez "moderne", si vous voyez ce que je veux dire, mais charmant à sa manière. 91-93.

 

Chapelle d'Ausone (Saint Émilion ; 60 % cabernet franc ; 35 % merlot ; 5 % cabernet sauvignon ; dégusté à Ausone avec Alain Vauthier ; certifié biologique). Beaucoup de graphite, un peu de cèdre, mais assez fermé lorsque dégusté dans le chai d'Ausone sous un ciel partiellement gris à la moitié de la semaine des primeurs. Poivre blanc. Noix. Cerises noires et myrtilles. Mûres. Un peu d'acidité, mais elle est bien incorporée et bien répartie le long de la colonne vertébrale bien définie et ciselée par le calcaire. Tendre. Solide. Tannins très gracieux, surtout si l'on tient compte de leur volume. Beaucoup de poivre et une salinité de sel gemme broyé, apportant des notes de réglisse en fin de bouche. Comme certains autres vins de la gamme Vauthier, ce vin n'est pas aussi effusif, expressif ou accessible que le 2022, mais il est tout aussi bon. Il a besoin de temps et récompensera la patience. 94-96.

 

Chauvin (St Emilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Un beau profil aromatique bien distinct, très brillant, énergique et exubérant, assez relevé et élégant, mais léger sur ses pieds, pour ainsi dire. Petits fruits noirs, un peu de loganberry - avec son acidité et sa fraîcheur supplémentaires - et de cerise Griotte. Poivre blanc. Presque un soupçon de mimosa. En bouche, le cadre est assez étroit. Un vin délicat et subtil avec moins de chair et de substance que beaucoup d'autres, mais cela est plus que compensé par une énergie copieuse et un profil fruité très croquant. Finale sur le cassis et la peau de raisin. 90-92+.

 

Le Châtelet (St Emilion ; 80% Merlot ; 20% Cabernet Franc ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Assez noisette, subtil, souple et limpide, très frais et pur, fluide et engageant. Pas massif du tout, mais joliment étagé. Ce vin est élégant, presque éthéré. Léger, mais aussi léger sur ses pieds, avec une belle trace de réglisse en finale. 90-92.

 

Cheval Blanc (Saint Émilion ; 52% merlot ; 46% cabernet franc ; 2% cabernet sauvignon ; 13,6% d'alcool ; dégusté à Cheval Blanc avec Pierre-Olivier Cloüet ; bien qu'il y ait eu une pression importante du mildiou ici, la générosité et la régularité de la floraison ont permis un rendement final de 40 hl/ha, la source de l'équilibre naturel dans le vin selon Pierre-Olivier). C'est fabuleux. Encore plus de cèdre que le Petit Cheval. Très cabernet franc dans ses arômes. Vertical, explosif sur le plan aromatique, mais magnifique avec cela. Lorsque le cèdre se calme, c'est le graphite qui s'altère et il semble apporter avec lui le fruit. Ronce, myrtille, mûre, cerise noire, damas, mûre. Un peu d'orange sanguine. En bouche, la texture de ce vin est fantastique. Des couches de soie, contrairement au Petit Chevel plus velouté, mais avec encore plus de profondeur, ce qui nous donne une sorte de sensation incalculable de milles feuilles. La texture est tout simplement magnifique. Une cascade de couches comme la descente d'un escalier en colimaçon dans les profondeurs sombres et fraîches de la grotte en contrebas. Si gracieux et complet. La sensation en bouche est stupéfiante. Chocolat. Violette et lavande. Anis. Poivre noir et finale fraîche de poivre de Sichuan avec une touche de menthol. Incroyablement éthéré et fantastiquement élevé sur la finale (plus de deux minutes). Tout à fait brillant et un triomphe complet. 98-100.

 

Clos Cantenac (Saint Émilion ; 100% Merlot ; 14% d'alcool). Ce vin présente des baies très " croquantes " - des damons et des baies foncées variées, juste à la limite de la maturité, mais avec une acidité assez prononcée. Il est très bien fait si on le replace dans le contexte des défis du millésime. Il est linéaire, précis et bien ciselé. Mais l'acidité élevée renforce son caractère un peu strict. 89-91.

 

Clos Dubreuil (St Emilion ; 60% Merlot ; 35% Cabernet Franc ; 5% Cabernet Sauvignon ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault ; certifié biologique). Nouvellement classé, il le mérite amplement. Chêneux dans le contexte de la gamme des grands crus classés de Saint-Émilion, mais ce n'est pas vraiment une surprise car ce vin est très fidèle au style qu'il s'est forgé au fil des millésimes. Gousse de vanille, cerise noire, pétales de rose, massepain et frangipane, amandes blanches également. Frais, profond, sombre et très sensuel en bouche, le chêne étant ici beaucoup moins évident. Cristallin et pur, avec des tanins calcaires très fins, bien qu'encore reconnaissables et friables (comme il se doit). Ce vin exprime très bien son terroir (juste au-dessus de Millery et au-dessous de Croix de Labrie) et le fera encore plus une fois que le chêne sera complètement intégré (mais il y a suffisamment de substance pour s'assurer que ce n'est qu'une question de temps). 91-93+.

 

Clos Fourtet (Saint Émilion ; 87% merlot ; 7% cabernet franc ; 6% cabernet sauvignon ; rendement final de 46 hl/ha ; pH 3,54 ; 14,5% d'alcool ; dégusté avec Matthieu Cuvelier à la propriété ; élaboré à partir de baies entières avec pigeage à la main). Magnifique, encore plus lorsqu'il est dégusté à la propriété. Si élégant et floral, si pur et relevé aromatiquement. Sobre et tranquille. Séduisant mais intime. Introspectif. Une corne d'abondance de pétales frais pilés - surtout des pétales de roses assorties. Si gracieux aromatiquement. Des baies foncées, toutes parfaitement mûres et magnifiquement formées - un tableau de nature morte, hautement pixellisé avec chaque poil de framboise si détaillé. Un peu de graphite, avec un soupçon de cèdre à venir. Tanins incroyablement doux et délicats. Un cadre assez large. Salin et scintillant, limpide et aérien. Certains pourraient souhaiter une plus grande concentration du fruit (il est là si vous le cherchez, mais il n'est pas dans votre visage), mais je trouve que c'est une belle expression du millésime qui est trompeuse dans sa qualité aérienne séduisante et sa puissance contenue. Très tendu. Vraiment structuré par les tanins calcaires. La maturité est arrivée assez tôt ici (troisième récolte la plus précoce de ces dernières décennies). Profondément expressif de son terroir et dans son style singulier (qui me rappelle ici les 2001 et 2004 dans son harmonie et sa plénitude). Un millésime brillant pour Clos Fourtet et un hommage si éloquent à son terroir. 95-97+.

 

Clos La Gaffelière (Saint Émilion ; 85% Merlot ; 15% Cabernet Franc ; gestion parcellaire et vinification en cave séparée ; 130 000 bouteilles produites ; dégusté à La Gaffelière avec Thomas Soubes). Limpide, frais, brillant et visqueux, avec un bel équilibre et une belle harmonie. Cassis et ronces. Bouche d'une agréable fraîcheur, d'une belle densité et d'une superbe sapidité. Sans prétention mais sophistiqué. 90-92+.

 

Clos des Jacobins (Saint Émilion ; 80% merlot ; 18% cabernet franc ; 2% cabernet sauvignon ; rendement final de 40 hl/ha ; 15% d'alcool ; dégusté deux fois, la deuxième fois à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Un nez succulent et somptueux de cerises noires, de kirsch, de ganache au chocolat noir avec peut-être un soupçon de violette, de pivoine également ; il y a un peu de chêne ici, mais il est déjà bien intégré. Dodu et moelleux à l'attaque, le milieu de bouche est doux et presque câlin. Opulent pour le millésime, avec un joli soupçon de cèdre qui apparaîtra avec l'élévage et le vieillissement ultérieur en bouteille. Une réussite dans le contexte du millésime et un excellent vin du Clos des Jacobins. 92-94.

 

Clos de L'Oratoire (Saint Émilion ; situé à côté de Dassault ; 75 % merlot ; 25 % cabernet franc ; rendement final de 44 hl/ha ; 13,5 % d'alcool ; dégusté avec Stéphane et Ludovic von Neipperg au Canon La Gaffelière). Délicat, floral, avec un peu de lys et de lilas et un fruité très sombre mais subtil et raffiné - baie noire et mûre. Cèdre. Un peu de thym et d'origan. Un vin plein de grâce et de charme, avec un sens de la profondeur provenant du cabernet franc. Bel équilibre et harmonie. Il est susceptible de représenter un excellent rapport qualité-prix. 92-94.

 

Clos de Sarpe (St Emilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault ; certifié biologique). Ce vin est très beau sur le plan aromatique, avec un profil floral glorieux et peut-être inhabituel - safran et pivoine, muguet, puis les fruits noirs, joliment croquants et bien définis. Le terroir, auparavant plutôt caché sous un placage de chêne, brille aujourd'hui grâce au respect que lui porte Maylis Mercenat. Il est très présent dans ce millésime. Frais et brillant en bouche également, ce vin évolue sans heurt et semble à la fois cristallin et dynamique en bouche. J'aime beaucoup ce vin. 93-95.

 

Clos St Martin (Saint Émilion ; 80% Merlot ; 15% Cabernet Franc ; 5% Cabernet Sauvignon ; rendement final de 44 hl/ha ; 14,5% d'alcool ; dégusté deux fois, la deuxième fois à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Un des vins les plus floraux aromatiquement lors de la dégustation de l'Association des Grands Crus Classés à Dassault. Personnalité distincte et aromatiquement très engageante et gracieuse. Muguet. Pétales de rose également. Un profil de fruits noirs à noyau. Séduisant. Plein, assez dodu, avec une belle texture ouverte, sinueuse et cristalline malgré la densité. Mâchu en fin de bouche avec des tanins calcaires friables. Impressionnant. Assez considérable, mais avec une belle retenue et un chêne moins évident que par le passé. Pureté plutôt que complexité peut-être, mais charmant dans sa limpidité et sa sapidité. 92-94+.

 

Clos St Julien (Saint Émilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault ; le plus petit des Grands Crus Classés de Saint Émilion maintenant qu'il est classé, avec un ou deux rangs de vignes de moins que le Clos St Martin de Sophie Fourçade). Pétales de rose, pétunias et glycine, chair de cerise noire et framboise noire. Assez granuleux dans sa structure tannique et dense et chargé de fruits, ce vin est doux au cœur mais un peu anguleux aux extrémités. Mais il est prometteur. Un vin de garde mais avec une belle signature de terroir calcaire. 91-93.

 

La Closerie de Fourtet (St Emilion ; 85% Merlot ; 15% Cabernet Franc ; un rendement final de 46 hl/ha ; 14% d'alcool ; dégusté avec Matthieu Cuvelier à la propriété). Le deuxième vin du Clos Fourtet. Légèrement fermé au début mais joli et floral, avec cette note de cèdre bien présente, très Clos Fourtet. Bleuets. Pivoine. Cerise noire. Il y a plus d'argile que de calcaire ici, ce qui fait que ce vin est vinifié à part. Très dominé dans son caractère par le jeune cabernet franc (une sélection massale du grand vin cabernet franc) sur le calcaire qui finira dans le grand vin. Dodu et précis, délicat, élégant et raffiné. Un modèle en miniature du grand vin - beaucoup plus que par le passé (lorsqu'il s'agissait d'un monocépage de merlot). Très linéaire et incroyablement pur et net en finale. Comme une rapière. 91-93+.

 

La Clotte (Saint Émilion ; 85 % merlot ; 15 % cabernet franc ; dégusté à Ausone avec Alain Vauthier). Intense. Cassis, avec juste un peu de cèdre. Jolies notes de cassis à l'aération, de myrtille sauvage et de baies noires. Assez briary, avec également une note herbacée distincte. Les cerises entrent dans le cadre à l'aération... Et quel cadre ! Structure verticale avec des couches de soie et de velours - un peu plus de ce dernier, peut-être - joliment entrecoupées de tannins calcaires qui s'insinuent entre les couches et pénètrent juste un peu de l'extérieur. Le volume tannique est considérable et en 2023, il s'agit vraiment d'un vin de garde. Impressionnant, mais moins accessible aujourd'hui qu'il ne le sera après une décennie de vieillissement en bouteille. 93-95.

 

La Commanderie (Saint Émilion ; 75% Merlot ; 25% Cabernet Franc ; 15% d'alcool ; dégusté deux fois, la deuxième fois à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). L'aromatique est attrayante, avec des notes de fraises des bois parfaitement mûres, de framboise et de mûre de Logan. Avec l'air, les fruits rouges et les cerises plus foncées se joignent à la fête. Une touche de muscade et un soupçon de gousse de vanille également, le chêne n'étant pas encore totalement intégré. Les tanins sont fins et ils agrippent et sculptent bien le vin, mais ils deviennent un peu secs en fin de bouche. Mais ce vin est agréablement juteux. 90-92.

 

La Confession (Saint Émilion ; dégusté à Belgrave). Nouvellement promu au rang des Grands Crus Classés, mais absent lors de la dégustation de l'Association à Dassault, il valait la peine de le retrouver ! Juteux avec des fruits de prune et de cassis, d'une pureté agréable. Cristallin et juteux, avec un milieu de bouche élégant et sinueux. La minéralité est assez saline et les tanins calcaires à grains fins et serrés. L'acidité est un peu élevée, ce qui rend la finale un peu sévère. Mais il est rafraîchissant dans sa jutosité. 90-92+.

 

Côte de Baleau (St Emilion Grand Cru Classé ; 17 hectares de calcaire, d'argile et de sable - un tiers de chaque ; 95 % de merlot ; 5 % de cabernet franc ; rendement final de 40 hl/ha ; pH 3,83 ; 14 % d'alcool ; rendement final de 50 hl/ha ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault, puis à Clos Fourtet avec Matthieu Cuvelier). Floral lui aussi et joliment défini aromatiquement par les éléments de cabernet, encore plus lors de la seconde dégustation. Très pur et concentré. Par respect pour le fruit, il y a très peu de chêne. Mais ce fruit est parfois un peu herbacé. Je n'ai pas trop de mal avec ça, mais ce n'est pas la tasse de thé de tout le monde. Léger et finement texturé, il manque un peu d'élan en milieu de bouche et tend peut-être vers la sécheresse en fin de bouche. Meilleur lorsqu'il est dégusté une seconde fois au Clos Fourtet. 89-91.

 

La Couspaude (Saint Émilion ; dégusté deux fois, la deuxième fois à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Très salin aromatiquement - on sait que l'on est en présence de calcaire avant même de porter le verre aux lèvres. Généreux, assez ample avec une intensité fruitée agréable - fruits noirs à noyau, ronces et baies noires. Une trace subtile de violette également, et de cèdre à l'aération. Doux à l'attaque, avec des tanins fins et pourtant agrippants. L'acidité, cependant, est un peu élevée et semble orienter le fruit vers des teintes plus rouges qui contrastent un peu avec les arômes plus opulents. Groseille. Un peu acidulé en fin de bouche, mais un peu moins lors de la dégustation de l'Association (où j'ajoute le '+'). 89-91+.

 

Couvent des Jacobins (Saint-Émilion ; 84 % merlot ; 11 % cabernet franc ; 5 % petit verdot ; rendement final de 40 hl/ha ; dégusté d'abord à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault, puis avec Xavier Jean dans le cloître historique du Couvent lui-même). Une incroyable ascension vers le sommet est en cours ici et ce vin est encore en cours d'élaboration, mais c'est peut-être le meilleur que j'aie jamais goûté du Couvent, avec Thomas Duclos jouant un rôle important en tant que consultant. Encens, pétales de rose, glycine et pivoines, un peu de violette et de gracieux fruits à noyaux et baies sombres - damons et myrtilles, un peu de ronce aussi ; une belle combinaison de grains de poivre concassés également. Le Petit Verdot apporte un peu de sévérité en milieu de bouche et a peut-être besoin d'un peu plus de temps pour s'intégrer complètement, mais ce vin est complexe, étagé, superbe dans sa gestion des tanins et incroyablement raffiné. Bravo. Le meilleur de la gamme et un véritable coup de cœur. 93-95.

 

Croix Beauséjour (Saint Émilion ; 95 % merlot ; 5 % cabernet franc ; 14 % d'alcool ; 40 % de chêne neuf ; dégusté à Beauséjour avec Joséphine Duffau Lagarrosse à la fin des dégustations en primeur). Très pur et vif, avec un fruité éclatant de framboise noire et de mûre. Beaucoup de graphite et cette minéralité calcaire et pierreuse dès les premiers arômes. Le cabernet franc, même à 5 %, est très expressif. La myrtille et le cassis émergent de l'océan glacial, frais, vitreux et expansif du Merlot. Graphite et noix. Éloquent et articulé, un vrai vin de terroir et une excellente introduction au grand vin lui-même. Linéaire, ciselé mais jamais austère. Texture soyeuse et élégante. 92-94.

 

Croix Canon (Saint Émilion ; 54% Merlot ; 46% Cabernet Franc ; rendement final de 45 hl/ha ; pH 3,42 ; 14% d'alcool). Fruits des bois soulevés par les herbes, fruits de la forêt, une belle touche de violette et une suggestion de lavande. Une note de bruyère également. Intense et extrêmement vertical, très sculpté par les tanins calcaires. Pur, précis et juteux, mais un peu strict, impression accentuée par le caractère linéaire des tanins architecturés. La finale est fraîche, nette et relevée. Une bonne introduction au style du moins du grand vin. 90-92.

 

Croix Cardinale (Saint Émilion ; 52 % cabernet franc, 41 % merlot, 7 % cabernet sauvignon ; pH 3,50 ; rendement final de seulement 15 hl/ha ; 13,5 % d'alcool ; les cabernets sont plantés ici sur du calcaire sur des pentes exposées au sud ; dégusté avec Caroline Decoster à Fleur Cardinale). Je ne sais pas trop quoi penser de ce vin. Il est fait pour un style très distinct et se veut délibérément "atypique". C'est certainement ce qu'il est. Dense. Chunky. Épicé. Je le trouve un peu saturé en milieu de bouche, même s'il commence par une belle pixellisation. Mais le grain des tannins et leur influence sur le vin semblent se développer en milieu de bouche, ce qui le rend un peu dur et astringent en fin de bouche. Il faudra que je le goûte à nouveau, car je n'ai pas vraiment d'idée sur la façon dont cela se résoudra. La finale est friable et nettement grumeleuse, mais c'est l'ambition de ce vin. Un vin de garde, assurément, mais la question qui se pose est de savoir s'il vieillira bien. Permettez-moi de lui accorder le bénéfice du doute. 90-92.

 

La Croix de Labrie (Saint Émilion ; 85 % merlot ; 10 % cabernet sauvignon ; 5 % cabernet franc ; rendement final de 27 hl/ha, apparemment faible en raison de l'âge moyen des vignes d'environ 60 ans ; pH 3,41 ; 14,2 % d'alcool ; dégusté deux fois, la deuxième fois à la propriété). Ce vin est en harmonie avec le merveilleux calcaire frais de cette partie du plateau. Un peu fermé lors de la première dégustation, mais beaucoup plus ouvert lors de la seconde. Même lorsqu'il est fermé, on apprend beaucoup de l'évolution du vin qui se déploie lentement comme une fronde de fougère. L'arôme est magnifique, avec des notes subtiles mais intenses de violette, de rose rose et d'iris, un peu de graphite et de cerise noire. Nous sommes dans le laboratoire du parfumeur. Myrtilles sauvages, peau de damon et un peu de cassis. Cerise griotte, orange sanguine (issue des vieilles vignes de cabernet sauvignon) avec de l'aération (et c'est un vin qui a besoin de temps pour s'ouvrir). Ce vin est magnifiquement mûr, magnifiquement équilibré et doté des tanins les plus gracieux. Incroyablement étagé. Dégusté avec un échantillon représentatif de grands crus et de grands crus classés de Saint-Émilion de niveau moyen à supérieur, ce vin brille vraiment par la qualité de ses tanins, la pureté cristalline de son milieu de bouche, le charme aromatique et la singularité de sa signature fruitée et florale. Vraiment excellent et essentiellement juteux. Il est très sapide, ce qui renforce la sensation de linéarité en finale. 95-97+.

 

La Croizille (St Emilion ; 70% Merlot ; 30% Cabernet Sauvignon ; un rendement final de 40 hl/ha ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Un nouveau venu dans les rangs des Grands Crus Classés et j'aime beaucoup ce vin. C'est un vin délicatement structuré, avec des tanins très fins, une certaine fluidité et une qualité sinueuse en milieu de bouche et une finale longue et légèrement effilée. Framboises noires écrasées, mûres de Logan et myrtilles sauvages - le tout finement pixellisé. Texture impressionnante. 91-93.

 

La Dame de Trottevieille (Saint Émilion ; 57% Merlot ; 43% Cabernet Franc ; dégusté à Trottevieille avec Frédéric Castéja). Prune, damas, myrtille. Graphite. Cèdre. Impressionnant de souplesse et de sinuosité, avec un bel équilibre entre le côté subtil et souple et le côté plus profond et riche. L'acidité est assez élevée et rend ce vin un peu sévère, mais la légèreté et l'éloquence du cabernet franc compensent et apportent du relief. La finale est très sapide et nette. 90-92.

 

Dassault (Saint Émilion ; 72 % merlot ; 24 % cabernet franc ; 4 % cabernet sauvignon ; pH 3,6 ; 14 % d'alcool ; dégusté deux fois, la deuxième fois à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Très " Dassault " avec ses cerises noires sombres et dodues qui, comme toujours, sont généreusement enrobées, même à ce stade naissant, de cèdre et de graphite, ainsi que d'un peu de violette. Séduisant, assez opulent (le milieu de bouche est enrichi par l'ajout des parcelles de la Faurie de Souchard), mais aussi sobre et même délicat, avec une qualité sinueuse que je retrouve dans de nombreux grands Saint-Emilion du millésime. De bons choix. Bien équilibré. 92-94.

 

Destieux (St Emilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Assez boisé lorsqu'on le déguste avec ses pairs, mais cela renforce d'une certaine façon la floralité du pot pourri (d'une manière qui me rappelle le Margaux classé croissance Lascombes, jusqu'à l'arrivée d'Axel Heinz) ! Dodu et assez dense, les tannins sont un peu plus secs en fin de bouche et l'extraction est plus poussée que dans d'autres propriétés voisines. Mais il est moelleux et plein en bouche, ce qui en séduira plus d'un. Les compromis, en fin de compte, peuvent être gérés différemment, mais celui-ci fonctionne. 89-91.

 

Le Dôme (Saint Émilion ; 80 % de cabernet franc ; 20 % de merlot ; élevage en fûts de chêne, dont 80 % sont neufs ; pH 3,81 ; Thomas Duclos est maintenant le consultant ici ; de Jonathan Maltus ; ce vin comprend maintenant le fruit de Les Astèries que le Vieux Château Mazerat récupère du Carré). Souvent assez fermé en primeur, Le Dôme dans sa jeunesse est invariablement un vin quelque peu intime et timide, ne révélant que lentement ce qu'il choisit de révéler. Pas en 2023. D'accord, il ne révèle pas toute la gloire à venir, mais il crie immédiatement au cabernet franc, avec un nez de myrtille sauvage, de cerise noire, de cassis et de chocolat noir incrusté de violette, glorieusement dodu et pulpeux. La bouche est également ouverte et expressive, moins dense que celle du Vieux Château Mazerat, par exemple, et avec plus de clarté, de finesse, de sapidité et de délimitation. J'adore la fraîcheur de la piscine en milieu de bouche. Un vin éthéré, inhabituel à ce stade précoce. 94-96.

 

La Dominique (Saint Émilion ; 81 % merlot ; 16 % cabernet franc ; 5 % cabernet sauvignon ; rendement final de 49 hl/ha ; dégusté trois fois, la troisième à La Dominique même ; Julien Viaud est le consultant ici). Subtil, assez introverti et d'une grande classe. Il respire la retenue et le sang-froid. Glaciale, presque gothique, des fruits noirs frais, des damsons aussi, un peu de myrtille sauvage. Thym sauvage et un peu de pivoine. Poivre blanc écrasé. Les tanins souples à grain très fin définissent un noyau cylindrique serré et compact chargé de fruits. Un joli soupçon de graphite dans la deuxième partie de l'évolution et une longue finale fraîche et presque mentholée (rare dans le millésime). Extrêmement impressionnant, même s'il ne révèle pas tous ses secrets aujourd'hui. 93-95.

 

Le Dragon de Quintus (Saint Émilion ; 71,6 % merlot ; 28,4 % cabernet franc ; 14,1 % d'alcool ; dégusté à Haut Brion). Crémeux, riche et engageant sur le plan aromatique. Fruits à noyau - damon et damon flétri, prunes sauvages assorties, un peu de cerise noire - avec un peu d'origan et de marjolaine. Une touche de myrtille. Ce vin est assez impressionnant, avec une fluidité et un élan agréables en bouche. Bien géré avec des tanins très raffinés et souples. 91-93.

 

L'Etampe (Saint Émilion ; 57% merlot ; 43% cabernet franc ; issu des excellents Vignobles Jade ; élévage en fûts de chêne et en foudres ; certifié biologique). Les consultants sont Jean-Claude et Jean-François Berrouet, et ce vin témoigne vraiment de l'attention qu'ils portent aux détails. Plus sombre, plus riche et plus épicé que les deux autres Saint Émilion des Vignobles Jade, ce vin provient d'un type de terroir très différent qu'il exprime avec tant d'éloquence et de panache. Plus poussiéreux et plus terreux au début, il présente ensuite les plus belles notes de cabernet franc incrustées de cèdre qui s'envolent du verre - myrtilles, feuilles de cassis, poivre de Sichuan et un peu de noyau de cerise noire. Plein et riche à l'attaque, mais avec une merveilleuse adhérence et une libération de jus de myrtille fraîchement écrasé pour rafraîchir le palais et aider à construire la finale en queue de poisson. La finale est si claire et si vive. Merveilleux. 93-95.

 

Faugères (Saint Émilion ; 70 % merlot ; 25 % cabernet franc ; 5 % cabernet sauvignon ; rendement final de 31,5 hl/ha ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). Joliment concentré, avec moins de chêne que par le passé et moins d'extraction également, ce qui lui permet de glisser plus gracieusement sur le palais. Il est étagé mais pas profond. La texture est assez cristalline et soyeuse, mais cela permet peut-être de révéler l'acidité légèrement élevée. Fin et très bien fait, mais pas particulièrement complexe. 90-92.

 

De Ferrand (St Emilion ; 65% Merlot ; 35% Cabernet Franc ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault ; Axel Marchal est le consultant ici et a supervisé une forte progression). Ce vin semble s'améliorer d'année en année. Dodu et charnu, il présente une image très pixélisée et détaillée de chacun des fruits rouges qu'il expose, comme une belle nature morte peinte par un maître hollandais ! Un bouquet de violettes également, peint avec les mêmes détails. Ce vin présente une belle limpidité de cabernet franc sur calcaire et l'on sait très bien où l'on se trouve grâce à l'identité des tannins. J'aime beaucoup cela. Mâchu et, bien sûr, sapide et frais en finale. On sent presque l'altitude du terroir dans la fraîcheur et la personnalité du vin. 92-94.

 

Figeac (Saint Émilion ; 41% Merlot ; 32% Cabernet Franc ; 27% Cabernet Sauvignon - petit et très concentré et donc un peu réduit ; un rendement final de 45 hl/ha, même après deux vendanges en vert ; pH 3,68 ; 5% de vin de presse ; 13.5% d'alcool ; 100% de chêne neuf - même si c'est difficile à croire ; dégusté avec Blandine Brier Manoncourt et Frédéric Faye et quelques membres de la famille et de l'équipe à Figeac même ; beaucoup de choix minutieux faits dans le vignoble pour adapter le nombre de grappes à la capacité de la plante à les faire mûrir dans un millésime généreux comme celui-ci ; le 130ème millésime de la famille Manoncourt à Figeac). Très, très Figeac, tout comme La Conseillante est très Conseillante et Cheval Blanc est très Cheval Blanc. Noix et coquilles de noix. Baies noires et cerises noires. Un peu de cèdre, plutôt du graphite. Pétales de rose rose du jardin, même un peu d'eau de rose. Souple, gracieux et élégant tout en étant rond et cossu. Ce Cabernet gracieusement beau et frais est composé de fruits. Beaucoup de profondeur et d'ampleur, mais plutôt différent des vins de l'appellation dominés par le merlot et d'un style beaucoup plus " rive gauche " dans ce millésime. La charpente est assez serrée, mais cela ne fait qu'accentuer la sensation presque infinie de stratification verticale. Juteux, avec des courants de cassis et de cerise noire qui circulent lentement. Je trouve ce vin incroyablement éloquent, avec de nombreux détails pixellisés, accentués par le volume plus important de tanins provenant du cabernet parfaitement mûr cueilli sur une longue période (il a fallu persuader l'équipe d'attendre). Ce vin présente une profondeur et une gravité graveleuses et croissantes (presque plus proche de Lafite que de Cheval Blanc !). Une merveilleuse et brillante complémentarité des cépages - il a besoin du merlot pour la charpente, du cabernet pour la complexité aromatique, l'ampleur et la floralité éloquente, et du sauvignon pour la profondeur, l'ampleur et la structure qui en feront peut-être le vin de la rive droite le plus durable du millésime. Il y a des vins plus accessibles, mais celui-ci est peut-être le plus profond de la rive droite. 97-99.

 

Fleur Cardinale (Saint Émilion ; 56 % merlot ; 37 % cabernet franc ; 7 % cabernet sauvignon ; issu d'un joli millésime sur un terroir assez spécial de 27,6 ha ; rendement final de seulement 15 hl/ha ; dégusté à La Dominique puis à la propriété avec Caroline Decoster ; Ludivine Chagnon est la nouvelle directrice technique, ayant rejoint l'équipe de Laroque en septembre 2023). Notez les très faibles rendements - mildiou je présume. Une touche de cordite, d'allumette grillée, de myrrhe et d'épices exotiques, de cerises noires et de cassis et de myrtilles dodues, croquantes, vives et fraîches. Cassis également, avec un peu d'aération, que l'on retrouve en bouche. Profond mais pas particulièrement concentré, malgré une structure relativement étroite. Les tanins calcaires le maintiennent bien en place. Jolie structure mais manque un peu de densité. Lumineux et très précis. 91-93.

 

Fleur de Lisse (Saint Émilion ; 67 % merlot ; 33 % cabernet franc ; provenant des excellents Vignobles Jade ; élévation dans une combinaison de cuves en béton, d'amphores et de foudres ; certifié biologique ; les consultants ici sont l'équipe de rêve de Jean-Claude et Jean-François Berrouet). J'aime déjà beaucoup le Fontfleurie ; j'aime encore plus ce vin. Il serait facile de penser que ce vin contient 50 pour cent de cabernet franc ou plus, car c'est ce qui marque vraiment les arômes - un très beau profil de myrtilles sauvages et de cassis, renforcé par cette charmante note de terroir calcaire. Il est également très floral - glycine et pivoine, un peu de lilas et de violette. Et si frais, engageant et vif en bouche, où les notes de cassis et de groseille blanche sont très évidentes. Il y a un peu plus de profondeur et de substance que dans les millésimes récents et on sent la qualité du travail dans le vignoble ainsi que la progression. Un autre coup de cœur des Vignobles Jade. 93-95.

 

La Fleur Morange (St Emilion ; 70% Merlot ; 30% Cabernet Franc ; rendement final de 20 hlha, 17 hl/ha après sélection ; 14% d'alcool ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Floral, comme on peut l'espérer, avec des pétales de rose et de la violette qui se mêlent aux cerises noires charnues. Intéressant en bouche, d'abord très doux, mais les tanins à grain fin s'engagent rapidement, prenant le fruit en charge et le sculptant sur la colonne vertébrale. Jamais terriblement doux, mais dynamique et structuré. Impressionnant, bien que dépourvu de la finesse de certains de ses pairs. 90-92+.

 

Fombrauge (St Emilion ; 90% Merlot ; 10% Cabernet Franc ; un rendement final de 49 hl/ha ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). L'un des vins les plus boisés de la gamme, mais comme certains autres, il a un certain style et renforce à la fois l'élément floral et les notes de cerise noire. Une sorte de gâteau de la forêt noire, mais avec des cerises très fraîches, presque un peu moins mûres, qui apportent une acidité inhabituelle. C'est le genre de chose qui fonctionne. Racine de vanille, baies noires et fruits à noyau. Assez substantiel mais avec une finale assez abrupte. 89-91.

 

Fonplégade (Saint Émilion ; 85% merlot ; 15% cabernet franc ; Derenoncourt consulté ; bio depuis 2013, biodynamie depuis 2019 ; dégusté deux fois, la deuxième fois à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Tendu et intense. Sur le plan aromatique, ce vin est très vif et aussi très distinctif. Les baies écrasées et les fruits à noyau semblent être projetés verticalement depuis la surface du vin dans le verre sans qu'il soit nécessaire de l'aérer, avec des notes zestées de mandarine et d'orange de Séville également et une touche de graphite, un peu de coquille de noix. Texture charmante, avec une ouverture très soyeuse qui mène à un milieu de bouche finement délimité et d'une impressionnante légèreté et d'une grande richesse. Long, fluide, dynamique en bouche et beaucoup plus sinueux que la stricte linéarité qui tend à caractériser le millésime, c'est un grand vin de Fonplégade. Comme je l'ai déjà noté ici, on sent la santé du vignoble dans le verre. Un vin que l'on pourrait choisir à l'aveugle comme biodynamique et, très probablement, comme Fonplégade. 93-95.

 

Fonroque (St Emilion ; 87% Merlot ; 13% Cabernet Franc ; un rendement final de 50 hl/ha ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Un peu fermé et introspectif, mais dominé aromatiquement par les petits fruits noirs, notamment le cassis avec un peu de myrtille. Il y a aussi une belle trace de violette - très subtile. Très joli, très vif et très frais. Dense, compact et étagé - impressionnant pour un vin à la structure tannique si fine et à la sensation en bouche si pure et limpide. Excellent. 92-94+.

 

De Fonbel (St Emilion ; 64% Merlot ; 28% Cabernet Sauvignon ; 8% Carménère ; dégusté à Ausone avec Alain Vauthier). Aromatiquement, très distinctif, avec ces notes de carménère. Feuillu. Baies noires, prunelles et cerises. Très serré dans sa structure, avec beaucoup de profondeur et une belle pixellisation des tannins. Lumineux et brillant, avec beaucoup de relief. Facile, accessible et à boire relativement jeune. Une belle bouchée. Succulent et somptueux, sur une trame cylindrique assez serrée. 91-93.

 

Fontfleurie (Saint Émilion ; 89 % merlot ; 11 % cabernet franc ; de l'excellent Vignobles Jade ; élévage dans une combinaison de fûts de chêne, de foudres et d'amphores ; certifié biologique). Un peu comme un coup de cœur. Damsons, cerises noires, myrtilles et cassis. Il offre une grande pureté mais aussi une certaine onctuosité rare dans le millésime. Ce sont les myrtilles et le cassis qui ressortent en bouche et je suis impressionné par l'énergie et la vivacité de ce vin, mais aussi par sa profondeur, son étagement et sa concentration. Il est certainement aussi puissant que le 2022, ce qui n'est pas le cas de beaucoup d'entre eux. L'ascension se poursuit ici avec le soutien de Jean-Claude et Jean-François Berrouet. 92-94.

 

Franc Mayne (Saint Émilion ; dégusté deux fois, la deuxième fois à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Magnifique expressivité aromatique. Violette. Encens. Cèdre, cerise noire, myrtille, un peu d'herbes fraîches sauvages. Frais et calme, scintillant et chatoyant. Délicat et intime, mais intense. Très joli et d'une densité impressionnante quand on y réfléchit. Très raffiné. Assez salin en fin de bouche. Le fruit du cabernet chante vraiment ici cette année, laissant sa signature sur la longue finale linéaire et persistante, en guise d'adieu. 92-94.

 

La Gaffelière (Saint Émilion ; 58% merlot ; 42% cabernet franc, un peu plus qu'en 2022 ; un rendement final de 45 hl/ha ; pH 3,5 ; 14,3% d'alcool ; dégusté lors de la dégustation presse de l'UGCB à la Cité du Vin et à nouveau avec Thomas Soubes à La Gaffelière). Framboises et framboises noires écrasées, cassis et baies noires, un peu de myrtille aussi grâce au cabernet franc. Très fin, très intense et d'une pureté, d'une précision, d'une concentration et d'une linéarité impressionnantes (voire inattendues). Succulent. Ce qui est rendu verticalement au nez est transmis horizontalement au palais avec une précision de laser ou de rapière. Si clair, si pur, si équilibré et si élégant. La proverbiale main de fer dans un gant de velours - la puissance douce. Pas la densité de fruit de 2020 ou 2022, bien que cela soit trompeur, mais beaucoup de caractère de terroir et un excellent sens de l'harmonie. La finale est très sphérique. Poli et subtil. Fluide et harmonieux. 93-95+.

 

Grace Dieu des Prieurs (Saint Émilion ; 85% merlot ; 15% cabernet franc ; rendement final de 49 hl/ha ; 6,8 hectares de sable et d'argile à mi-chemin entre la ville de Saint Émilion et la frontière avec Pomerol ; 100% de barriques neuves Radoux Super Fine Blend, la signature de Mitjavile ; 13,5% d'alcool). Limpide et d'une couleur pourpre intense dans le verre, ce vin est radieux sur le plan aromatique et c'est le fruit plus que le profil distinct du chêne que l'on remarque en premier. Ce vin est très pur et très intense. Framboise et mûre de Logan, ronce et, surtout, mûre. Il y a un soupçon oh combien subtil de patchouli et de pétales de rose séchés, ainsi qu'une petite note de poivre de Sichuan. En bouche, les tanins sont incroyablement fins, ce qui confère à ce vin une brillance fraîche rare dans le millésime. Les fruits sont plus sombres - myrtilles et cerises noires, framboises noires et mûres, une fois de plus. Il y a très peu de traces de chêne, voire aucune, et la finale est très bien soutenue. Juteux, sapide et merveilleusement rafraîchissant. Un peu de menthe verte en fin de bouche. On peut tout juste déceler la trace du chêne de l'assemblage Radoux dans le verre vide, mais c'est la plus subtile des signatures. 93-95.

 

Grand Corbin (St Emilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Essences de violette et de lavande, de romarin, de myrtille et de cerise noire. En bouche, ce vin est moelleux et pulpeux, limpide et assez fluide, avec une douceur naturelle rare dans le millésime. Bien géré et très réussi. 90-92.

 

Grand Corbin Despagne (St Emilion ; 75% Merlot ; 24% Cabernet Franc ; 1% Cabernet Sauvignon ; rendement final de 35-40 hl/ha ; pH 3,68 ; 13,6% d'alcool ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). La minéralité est assez saline, avec même un soupçon d'iode, le tout enrobant et assaisonnant agréablement les riches et profondes cerises et baies violettes écrasées. Il y a aussi un peu de glycine et de violette. Souple, assez opulent pour le millésime, avec des tanins très gracieux et élégants. Une autre grande réussite de François Despagne, qui s'achève sur un joli soupçon de réglisse salée dans une finale longue et légèrement effilée. 92-94+.

 

Grand Mayne (Saint Émilion ; dégusté lors de la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Il ressemble un peu au Dassault par sa fraîcheur et sa richesse en cerises noires, généreusement enrobées de cèdre - bien qu'ici le fruit soit un peu plus clair (avec plus de baies et moins de cerises) et que le cèdre soit rejoint par du graphite et des copeaux de crayon. Le palais présente également une belle signature de cassis. Long et linéaire, il s'amenuise lentement jusqu'à une finale asymptotique. Excellent. 92-94.

 

Haut Brisson (St Emilion ; 95% Merlot ; 5% Cabernet Franc ; 18 hectares sur des sols argilo-calcaires, des graviers fins et des sables bruns fins ; un rendement généreux, comme dans tous les domaines des VIgnobles K, avec pratiquement pas de mildiou ; dégusté à Bellefont Belcier). Pas de pertes dues au gel ou au mildiou ici, donc finalement un bon rendement. Beaucoup de caractère de terroir. Épicé et mâchu, avec une note poivrée sombre, de la cerise noire, de la myrtille et de la ronce. Intense. Une structure audacieuse et large, brillamment sapide et juteuse jusqu'au cœur, avec des tanins fins mais friables et une densité impressionnante. Une qualité de cru classé évidente dans ce millésime, avec des tanins mâchus à résoudre, mais aucun soupçon de sécheresse et juste une merveilleuse sapidité en finale. Un vin dont la réputation sera mise à mal lors des dégustations à l'aveugle à l'avenir. Le meilleur de tous les temps. 91-93.

 

Haut Gros Caillou (Saint Émilion ; 90% merlot ; 5% cabernet sauvignon ; 5% cabernet franc ; une propriété de seulement 4 hectares dans le sud-ouest de l'appellation ; Thomas Duclos est le consultant ici ; les vignes ont une moyenne d'âge de 45 ans ; 13,5% d'alcool). Acquis en 2019 par Louis Ballande avec le Palais Cardinal voisin. Seulement 6000 bouteilles produites en. Excellent. Merveilleusement sapide et juteux, avec un milieu de bouche magnifiquement délimité et défini, gorgé de fruits rouges et de baies plus foncées dodues et d'un peu de cerise rouge. Merveilleusement croquant et croquant, sapide et cristallin, avec des tannins polis mais percutants. La finale est longue et rafraîchissante. Il s'agit sans aucun doute d'un vin à surveiller. Techniquement très abouti ; texturalement, nous pourrions goûter à quelque chose de 2020 ici. 92-94.

 

L'If (Saint Émilion ; 80 % merlot ; 20 % cabernet franc ; pH 3,37 ; 14,1 % d'alcool ; dégusté avec Jacques Thienpont et Diana Berrouet Garcia au Pin). Très beau. Beaucoup de restructuration du vignoble a eu lieu ici et on a l'impression qu'une nouvelle sorte d'harmonie a été atteinte. Un bel élément d'herbes sauvages, un cadre assez serré, très minéral et frais, ciselé par les tanins de calcaire pur. D'une texture agréable, ce vin est chatoyant et limpide, scintillant et moelleux, avec des ondulations de fraîcheur et de larges feuilles de soie à la texture fine. Les fruits noirs brillamment détaillés - ronces et mûres avant tout. Une texture merveilleuse avec des tanins poudreux et crayeux à grain fin. L'If n'est plus un travail en cours. Vif et brillant, mais jamais austère ou strict, ce vin est délicat et raffiné, alors que d'autres Saint Émilion calcaires sont généralement un peu austères. Un vin joyeux. 95-97.

 

Jean Faure (Saint Émilion ; 65 % cabernet franc ; 30 % merlot ; 5 % malbec ; certifié biologique et biodynamique ; 14 % d'alcool ; ce vin est merveilleusement placé entre Cheval Blanc, Figeac et Évangile sur un terroir argileux riche en oxyde de fer de 18 hectares). Ce vin a souvent été produit à environ 60 % de cabernet franc, mais je ne pense pas l'avoir jamais vu à 65 % de l'assemblage final. Ce vin exprime brillamment cette myrtille aérienne et dodue du cabernet, avec des notes de lavande et de violette, un peu de romarin et de thym sauvage, ainsi qu'un peu de mûre et de ronce. L'attaque est assez ample, mais les tanins fins mais considérables s'emparent rapidement du fruit, le ramenant vers la colonne vertébrale et augmentant ainsi l'intensité, la concentration, la profondeur et la densité du vin. Tendu, vif et vibrant, ce vin est très pur, précis et concentré sur la finale fraîche de menthe verte. 93-95.

 

Laforge (Saint Émilion ; 90 % merlot ; 10 % cabernet franc ; pH 3,75 ; de Jonathan Maltus). Plus ample, plus riche, plus épicé, mais surtout avec plus d'intensité fruitée et de relief que le Teyssier - exactement comme il se doit. Il est excellent dans le contexte du millésime, le chêne est plus modéré qu'auparavant (bien qu'il n'ait pas disparu), le fruit est plus pur et plus ciselé en milieu de bouche. La minéralité ferreuse qui domine souvent ici est plus contenue et j'aime les notes cédriques qui se dégagent déjà de l'aromatique. La bouche est très pure et fruitée, avec une agréable douceur naturelle qui crée une tension avec l'acidité naturelle du millésime. 90-92.

 

Larcis Ducasse (Saint Émilion ; 86% Merlot ; 14% Cabernet Franc ; rendement final de 43 hl/ha ; pH 3,55 ; élevage en fûts de chêne dont 50% sont neufs ; dégusté lors de la dégustation presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Il dépasse mes espérances et semble prendre un nouvel élan dans ce millésime. Des baies charnues, parfaitement mûres et gorgées de jus de fruits. Opulent et plus gracieux qu'auparavant, avec un fruit très pur et cristallin, moins de densité en milieu de bouche et plus de stratification, donnant la vedette au fruit et au terroir. Car c'est bien le terroir qui brille ici. Je trouve ce vin plus proche de Laroque dans son approche de la structure et cela, pour moi, met vraiment en valeur ce terroir exceptionnel et unique de la Côte de Pavie. Extrêmement frais et sapide. Un peu de menthe en finale. Un vin brillant que j'ai déjà envie de revoir. Une nouvelle référence pour cette propriété fantastiquement située. 95-97+.

 

Larmande (Saint Émilion ; dégusté lors de la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Élégant et raffiné, intense dans sa floralité de violette et de pivoine. Vraiment très stylé et élégant sur le plan aromatique et très frais en milieu de bouche. Long et scintillant, avec une bouche gracieuse et une texture somptueuse. Très sinueux, même s'il souffre peut-être d'une baisse de concentration du fruit en fin de bouche. 91-93+.

 

Laroque (St Emilion ; 99% Merlot ; 1% Cabernet Franc ; pH 3,42 ; rendement final de 46 hl/ha ; 14,15% d'alcool ; élevage en fûts de chêne, dont 50% sont neufs ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault et ensuite avec David Suire à la propriété avec essentiellement les mêmes notes ; le vieux Merlot s'est avéré beaucoup moins sensible au mildiou qui a frappé les clones plus récents de façon plus drastique). Un millésime pour les terroirs argileux selon David Suire. Limpide et brillant. Poivre blanc. Un peu de salinité et presque un élément iodé de coquille d'huître. Huile de noix, glycine, framboise, loganberry (surtout), cerise noire (mais en fait très peu), myrtille et ronce. Orange sanguine (marqueur de la parcelle "les moulins", juste derrière le château lui-même, apparemment). La groseille à maquereau est le marqueur de fruit que j'affine le plus. Pétales de rose et eau de rose. Très fin, très délicat et équilibré et très expressif des pentes fraîches et du plateau qui constituent ensemble son terroir. Une piscine miroir. Encore une fois, la comparaison avec le 2001. D'une pureté et d'une limpidité stupéfiantes, brillant et soyeux. En bouche, le fruit est un peu plus clair - des framboises pixellisées et des mûres de Logan surtout. Cristallin et fluide, vif et énergique. Très pur, concentré et précis, plus délicat qu'il ne l'est parfois, mais toujours très linéaire et long sur la finale effilée. Une acidité naturelle qui accompagne le fruit tout au long de son parcours, de l'attaque jusqu'à la fin. D'une pureté glaciale. 94-96+.

 

Laroze (Saint Émilion ; 60 % merlot ; 40 % cabernet franc ; dégusté deux fois, la deuxième fois à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Ce vin est bon, mais il n'est pas à la hauteur du 2022, bien qu'il soit meilleur la deuxième fois. Fruits noirs, un peu cuits, prunes et prunes cuites, épices douces et une note minérale ferreuse très prononcée et distincte. Réglisse et cassis. En bouche, je trouve ce vin étrangement doux. Mais le cœur est bien chargé de baies écrasées et de chair de prune pulpeuse, et il y a aussi une agréable sapidité. Un vin substantiel pour le millésime. Les tanins deviennent un peu secs en fin de bouche, mais j'aime la suggestion encore subtile de graphite qui, je pense, se manifestera en vieillissant. 89-91.

 

Lassègue (St Emilion ; 50% cabernet franc ; 43% merlot ; 7% cabernet sauvignon ; pH 3,7 ; 14% alcool ; vieillissement en barriques de chêne français, dont 50% sont neuves et proviennent de 15 forêts différentes ; dégusté à Lassègue avec Pierre et Hélène Seillan). C'est la première fois que ce vignoble est majoritairement composé de cabernet et qu'il a été replanté récemment, l'objectif étant d'adapter le vignoble au changement climatique mondial ; c'est également le premier millésime en tant que Grand Cru Classé. La violette, les pétales de rose écrasés et l'orange sanguine se mêlent aux baies sombres et aux fruits à noyau. Le poivre vert apporte sa propre fraîcheur. La floralité se révèle lentement et progressivement. En bouche, le vin est à la fois fluide et cristallin, plus délicat qu'il ne l'était auparavant. La finale est à la fois minérale et épicée, avec la salinité de la réglisse noire. La finale est très nette et linéaire après l'amplitude, l'opulence et la richesse de l'attaque et du milieu de bouche. Joliment ciselé par les tannins calcaires. Très beau, faisant preuve d'une belle retenue et glorieux dans son fruité floral de cabernet - on voit ici l'avenir de l'appellation. Et nous avons quelque chose qui ressemble à la qualité tannique de Vérité lui-même. Un vin élégant et raffiné. 93-95.

 

Lynsolence (Saint Émilion ; 100% Merlot ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). Encens et fleurs printanières fraîches et brillantes, un peu de graphite et de bois d'acacia, un soupçon de poivre noir également. Doux et séduisant, avec un joli élément de cassis frais qui surgit des profondeurs, apportant à la fois de la fraîcheur et de l'ampleur. Très bon, comme c'est souvent le cas. Élégant et séduisant. Subtil. 92-94.

 

Mangot (Saint-Émilion ; 65 % merlot ; 30 % cabernet franc ; 5 % cabernet sauvignon ; Thomas Duclos est le consultant ici). Vivant, éclatant et merveilleusement expressif tant sur le plan aromatique qu'en bouche, ce vin respire l'esprit et la santé du vignoble associés à la vinification biodynamique - vous pouvez le sentir, le sentir et le goûter. Une pureté cristalline renforcée par ces merveilleux tanins de calcaire et un grand sens du dynamisme et de l'énergie dans le milieu de bouche ultra-sapide et juteux. Le seul reproche que j'ai fait à ce vin dans le passé, c'est qu'il était un peu trop boisé, mais ce n'est pas le cas ici. Ce vin est vraiment excellent, surtout dans le contexte du millésime. 93-95.

 

La Marzelle (Saint Émilion ; 80 % merlot ; 15 % cabernet franc ; 5 % cabernet sauvignon ; 14 % d'alcool). Une propriété en pleine ascension, confirmée par la qualité de ce vin. Salin. Pur, cristallin en milieu de bouche et avec une élégance et une sauvété qu'il n'avait jamais eues auparavant. Serré et doté d'un cadre impressionnant et bien défini, joliment chargé de fruits noirs frais et croquants, surtout de myrtilles sauvages et de cassis. Une petite note d'encens que j'aime beaucoup. Dynamique et énergique. Chocolat noir. Le bois a besoin d'un peu de temps pour s'intégrer, mais ce n'est qu'une question de temps, tant le noyau de fruits noirs et de baies est compact. Il y a un joli soupçon de notes cédriques à venir et un peu de pétale de rose à l'aération. Excellent. Il y a un plafond de verre (ou du moins une barrière) à Saint-Émilion dans ce millésime - ce vin est au-dessus de ce plafond. Très sapide et pur en finale. Finale très fine, longue et linéaire. 92-94+.

 

Monbousquet (Saint Émilion ; 65 % merlot ; 20 % cabernet franc ; 15 % cabernet sauvignon ; rendement final de 28,8 hl/ha ; pH 3,73 ; 14,2 % d'alcool ; dégusté à Pavie avec Olivier Gailly). Riche et charnu, mais avec moins de chêne et plus d'intensité fruitée que par le passé. Baies noires, cerises, ronces, noix de muscade et épices de cannelle, un peu de pot pourri. On retrouve également cette minéralité ferreuse, de pierre concassée et de graphite qui provient du terroir de gravier et de crasse de fer. Fin et assez cristallin, mais avec une extraction importante. Cela rend ce vin un peu flou en milieu de bouche, mais il est certainement plus fin qu'il ne l'était auparavant, avec des tanins très granuleux. Un vin de garde, dont le chêne est bien contenu et bien intégré. 90-92.

 

Mondot (Saint Émilion ; 90 % merlot ; 10 % cabernet sauvignon et franc, provenant d'une parcelle plantée il y a 7 ans ; rendement final de 53 hl/ha ; élevage dans une combinaison de chêne de deuxième usage et de cuves en acier ; dégusté avec Aymeric de Gironde à Troplong Mondot). Une structure assez audacieuse pour une soi-disant deuxième étiquette (même si elle provient maintenant, en fait, d'un vignoble séparé sur un coteau calcaire). Fruits rouges et plus foncés, un peu de groseille, de ronce et de baie noire. Fruits assez doux, malgré une acidité légèrement élevée. Coquille de noix. Poivre noir concassé. Audacieux et étagé, sapide et assez salin. Rafraîchissant en fin de bouche. 90-92.

 

La Mondotte (Saint Émilion ; 80 % merlot ; 20 % cabernet franc ; rendement final de 37 hl/ha ; 13,5 % d'alcool ; dégusté à Canon La Gaffelière avec Stéphane et Ludovic von Neipperg). Magnifique sur le plan aromatique, ce vin est délicat, subtil et intime - il vous invite à entrer plutôt qu'à sortir pour vous accueillir. Violettes. Pivoine. Cerise noire. Mûre. Graphite. En bouche, ce vin est riche, ample et magnifiquement composé - très La Mondotte, mais avec une nouvelle grâce. Ce vignoble de jardin produit des fruits merveilleux et des fleurs magnifiques. Magnifiquement succulent. Intensément sapide. Puissant mais tout en finesse. Une composition exquise. Une harmonie totale. Vraiment mémorable. 95-97.

 

Mondou (Saint Émilion). Un beau vin dans le contexte du millésime, qui montre la trajectoire ascendante maintenant établie ici. Succulent et expressif sur le plan aromatique, avec un profil de fruits noirs plaisant - ronces, mûres, damsons et cerises, kirsch également avec l'aération et un peu de violette. Cette note de kirsch se retrouve immédiatement en bouche et je suis impressionné par la qualité des tanins et la compacité du milieu de bouche - un beau noyau cylindrique qui lui donne sa forme jusqu'à la longue finale. 90-92+.

 

Monlot (Saint Émilion). Plus léger en extrait que de nombreux vins de l'appellation, mais avec un bord rose-pourpre radieux très prononcé. L'arôme est très expressif, bien qu'un peu dominé par le chêne, avec des notes de sucre muscovado, de vanille, de cinq épices chinoises et de muscade qui s'entremêlent avec des éléments floraux séchés, des baies rouges et plus foncées et des fruits à noyaux. Compte tenu de l'extraction manifestement douce, je suis surpris de trouver les tannins plutôt secs et poudreux en fin de bouche, mais il y a là de beaux ingrédients. Il manque un peu de densité en milieu de bouche et c'est finalement ce qui accentue l'influence du chêne à ce stade. 89-91.

 

Montlabert (Saint Émilion ; 75 % merlot ; 25 % cabernet franc ; pH 3,5 ; 14 % d'alcool ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Encore un nouveau membre des Grands Crus Classés, qui le mérite amplement. La qualité du second vin, renforcée par la compréhension du travail effectué en arrière-plan, permet de savoir que ce vin sera bon. Et il l'est - excellent, en fait. Subtil, élégant et raffiné, avec cette belle note de myrtille feuillue du cabernet franc qui s'échappe du verre même sans qu'on l'ait sollicitée. La glycine. Un vin intime sur le plan aromatique, avec une cerise noire ravissante mais encore une fois subtile. L'impression d'intimité fraîche et calme se poursuit en bouche, où les tanins doux et séduisants vous font d'abord oublier à quel point ce vin est dense et compact. Long, sapide, juteux à cœur et doté d'une vie longue et distinguée. Probablement à la hauteur du 2022, même si son caractère est assez différent. 92-94.

 

Montlisse (St Emilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Ce vin commence par être légèrement floral, avec un peu de fraise des bois. Mais la subtilité de ces notes est un peu écrasée par la salinité, bien qu'il se calme pour révéler une plus grande complexité avec des notes de cerise noire qui se développent à l'aération. Le vin est assez audacieux et percutant sur une large trame, peut-être au détriment d'une certaine délimitation et définition. Mais c'est un vin solide dans le contexte du millésime. 89-91.

 

Moulin du Cadet (St Emilion ; 100% Merlot ; pH 3,44 ; 14,5% d'alcool ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Un vin que j'associe, sur le plan aromatique, à la cerise noire et au cèdre, et c'est exactement ce que nous trouvons ici, de manière impressionnante. Doux et séduisant, assez opulent et riche. Une belle floraison de pétales de rose également et je trouve ce vin plus brillant et plus mobile en milieu de bouche que d'habitude. Impressionnant. Il n'est pas surprenant qu'il soit bon, mais il est vraiment très bon. Très juteux. 92-94.

 

Moulin St-Georges (Saint Émilion ; 85% Merlot ; 15% Cabernet Franc ; dégusté à Ausone avec Alain Vauthier). Plus ample, plus riche, plus cossu et plus dodu que le Fonbel. Arômes de la vieille école, mais milieu de bouche très lumineux. Une charpente plus large, pas trop étoffée autrement que par le fruit et étirée en largeur pour lui donner plus de cristallinité. Succulent. Juteux et sapide. Herbes sauvages et note de bruyère en finale. Très beau. 92-94.

 

Pavie (Saint Émilion ; 51% merlot ; 32% cabernet franc ; 17% cabernet sauvignon ; rendement final de 32,8 hl/ha ; seulement 30 pour cent de la production totale a fait l'objet d'une sélection stricte pour le grand vin ; pH 3,66 ; 14,25% d'alcool ; dégusté à Pavie avec Olivier Gailly). Ce vin présente une belle floralité intense - très proche de l'essence du parfumeur, avec des fleurs assorties, notamment la rose et la violette. De la violette enrobée de chocolat. La lavande aussi. Cerise noire. Une touche de moka. Café expresso. C'est un grand vin, audacieusement structuré et large d'épaules, opulent et monumental - en bref, un Pavie de bout en bout. Il possède également une texture et une sensation en bouche très agréables - du cachemire, mais des couches et des couches de cachemire - chacune forgée à partir de baies pures et de fruits à noyau et apparemment entrelacée de réglisse et d'anis, les tanins ciselant les paramètres externes (fixant la largeur) et indiquant également la stratification (plus horizontalement). Une cathédrale gothique taillée dans des tanins calcaires. C'est un vrai vin de garde, profondément imposant et impressionnant. L'aération apporte plus de grâce et d'harmonie - comme si le vin commençait à se détendre. En 2023, le Pavie offre la finesse du millésime, mais avec un degré de puissance concentrée qu'aucun autre vin de l'appellation ne possède. 96-98.

 

Pavie Macquin (Saint Émilion ; 82 % merlot ; 17 % cabernet franc ; 1 % cabernet sauvignon ; rendement final de 48 hl/ha ; pH 3,35 ; 14,2 % d'alcool ; dégusté lors de la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Ce vin reste très fidèle à son style, dans un millésime où Larcis-Ducasse semble d'une certaine manière plus aérien et plus expressif. Plus audacieux, plus grand, légèrement plus épicé et légèrement plus dense aussi, assez salin dans sa minéralité. La minéralité est assez ferreuse, avec une note de coquille d'huître et d'iode. Le milieu de bouche est un peu plus ouvert et cristallin qu'à l'accoutumée à ce stade naissant. Feu d'artifice, allumette grillée, cerise rouge et fruits rouges plus foncés. Long et racé, mais sans la concentration de fruits des grands millésimes récents. 92-94.

 

Péby-Faugères (Saint Émilion ; 100 % merlot ; vignoble de 7,18 ha ; rendement final de 34,6 hl/ha ; dégusté à La Dominique). Bouillonnant, dodu, avec plus d'extraction mais la même finesse de texture que le Faugères. Encens, cerise, cire de bougie, myrrhe, baies noires et fruits à noyau. Plus de chêne neuf également. Brillant. Gracieux. Un bel équilibre et le chêne, bien qu'un peu évident au nez, est très bien incorporé au palais. Ondulant et scintillant. Très impressionnant et techniquement accompli. Le style de ce millésime est plus léger, mais il gagne en délimitation et en précision. 92-94+.

 

Petit Cheval (Saint Émilion ; 50% Merlot (3 parcelles) ; 50% Cabernet Franc (2 parcelles) ; il s'agit d'une véritable seconde vigne, chacune des 56 parcelles étant "interrogée" à l'aveugle, en fait, pour son rôle potentiel dans le grand vin ; L'objectif de Pierre-Olivier est d'amener le vignoble dans la bouteille et de le rendre représentatif de Cheval Blanc en tant que vignoble ; sur les 56 parcelles, 9 sont actuellement en cours de replantation et 41 parcelles sur les 47 utilisées pour le grand vin, une seule n'a pas été utilisée dans l'une ou l'autre ; dégusté à Cheval Blanc avec Pierre-Olivier Clouet). Beaucoup de cèdre. J'adore ça. Sombre, intense et voluptueux comme aucun autre second vin du millésime. Des violettes et une essence de violette concentrée de parfumeur. Somptueux, succulent, juteux, radieux. Ce vin pourrait vraiment être Cheval Blanc, tant il exprime l'identité de la propriété. Juteux, intensément salivant et hyper frais, avec une acidité brillamment distribuée et intégrée. Un vin d'une grande fraîcheur, avec une acidité brillamment distribuée et intégrée. Incroyablement rafraîchissant, avec un peu de menthe et d'anis en finale. 94-96.

 

Petit Faurie de Soutard (St Emilion ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). L'échantillon est juste un peu pétillant, hélas. Quoi qu'il en soit, qu'avons-nous ? Une corbeille de fleurs, très jolie aromatiquement. Fleur de sel. Souple et sapide, voire très juteux, facilité par l'ouverture de la texture et la clarté du milieu de bouche. La trame est assez large, le fruit est peut-être un peu étiré. Mais j'aime cela et je préfère que le compromis entre la précision et l'extraction soit géré de cette façon. J'aimerais tout de même le déguster à nouveau. 90-92+.

 

Peymouton (Saint Émilion ; 70 % merlot ; 23 % cabernet franc ; 7 % cabernet sauvignon ; produit par l'équipe de Laroque, dirigée par David Suire ; à l'époque, il faisait partie de ce domaine massif). Croquant, frais, fruits rouges brillants et baies plus foncées, cassis très présent. La mûre de Logan. Ce vin présente également une agréable signature de terroir calcaire. Pur, précis, serré et concentré. Mais il est assez strict et met du temps à prendre forme en bouche. Les tannins aussi sont un peu pointus et ressemblent à des aiguilles, même s'ils donnent une impression agréable du terroir calcaire dont ils sont issus. Cela s'estompe assez rapidement. 88-90.

 

De Pressac (Saint Émilion ; 70% Merlot ; 16,5% Cabernet Franc ; 9% Carménère ; 2,5% Malbec ; 0,5% Petit Verdot ; dégusté deux fois, la seconde fois à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault, avec des notes globalement cohérentes). Riche, crémeux et assez aérien, avec un élément d'herbes sauvages distinct qui se mêle agréablement à la pulpe de damson et aux baies assorties. Une belle trace de cèdre. En bouche, ce vin présente une belle vivacité et de l'énergie à l'attaque, avec des tanins fins et brillants. Il s'enlise un peu plus en milieu de bouche, la granularité des tanins semblant s'accentuer, ce qui perturbe la fluidité du vin sur le palais. Mais il y a beaucoup de choses à aimer ici aussi. Il est maintenant sur une pente ascendante impressionnante. 90-92.

 

Le Prieuré (St Emilion ; 85% Merlot ; 15% Cabernet Franc ; un rendement final de 35 hl/ha ; pH 3.5 ; 14.5% alcool ; d'un vignoble de 12 hectares sur le plateau calcaire au-dessus de La Clotte ; vinifié par l'équipe de Calon-Ségur). Un travail en cours (avec 2 des 3 actes prévus déjà achevés), qui porte déjà ses fruits. En 2023, le vin a une fabuleuse signature calcaire qu'il avait il y a quelques millésimes mais qu'il a semblé perdre en 2021 et 2022. Je le trouve magnifique sur le plan aromatique, avec de jolies notes de violette et de pierre concassée qui s'ajoutent aux myrtilles pures et aux cerises noires, ainsi qu'à un peu de feuillage de cabernet franc. Souple. Gracieux. Assez opulent d'une certaine façon, mais toujours fluide, excitant et intense en milieu de bouche. La finale est longue et s'effile doucement. Un retour en forme. 92-94.

 

Puyblanquet (Saint Émilion ; 80% Merlot ; 20% Cabernet Franc ; seulement 11 des 19 hectares sont en production avec une replantation importante en cours ; juste en face de Pressac, à côté de Boutisse ; 14,2% d'alcool ; dégusté à La Gaffelière avec Thomas Soubes). Magnifique dans son profil aromatique de fruits noirs intenses. Dodu mais élancé et cossu. Ronce et mûre. Une pointe de cèdre et de graphite. Belle texture et joli ciselé. Très pur et souple. Excellent. Lumineux au cœur et avec de beaux tanins poudreux et crayeux en fin de bouche. Il s'améliore d'année en année. 92-94.

 

Quinault L'Enclos (Saint Émilion ; 67% Merlot ; 17% Cabernet Sauvignon ; 16% Cabernet Franc ; élevé uniquement en foudres et maintenant pendant 24 mois ; ce vin n'est plus commercialisé en primeur). Graphite. Un beau profil de fruits noirs. Prunelles et damons. Cèdre. Pivoine. Iris. Doux et caressant. La charpente n'est pas ample, mais cela accentue l'impression de profondeur et de profondeur ainsi que la concentration. Ce vin semble sauvage et herbacé, surtout dans ses arômes. En bouche, il est succulent et svelte, avec un noyau sphérique bien défini. Pur, précis, net et avec du relief en fin de bouche, la charpente offrant suffisamment d'espace pour permettre au jus de circuler. Une belle touche de poivre noir sur la finale bien soutenue. Le meilleur millésime récent. 92-94.

 

Quintus (Saint Émilion ; 78,3 % de merlot ; 21,7 % de cabernet franc ; rendement final de 43 hl/ha ; pH 3,6 ; 15 % d'alcool). Ce vin semble tout à fait sérieux. Et c'est un grand pas en avant par rapport au déjà impressionnant Dragon. Il est charnu et substantiel, avec un peu de fumée de tabac. Pétales de rose et essence parfumée de pétales de rose ; violettes de Parme. Cire d'abeille. Un soupçon d'épices douces, le chêne n'étant pas encore totalement intégré. Cerise noire, damon, myrtille, ronce. Mandarine et satsuma également. Graphite. Thé noir et thé vert. La bouche est somptueuse et opulente, avec une belle note de peau de raisin bien soutenue en finale. J'aime aussi le soupçon de tanins calcaires sur la finale friable et poudreuse - provenant de l'incorporation des parcelles du plateau du Grand Pontet, j'imagine. 93-95.

 

Ripeau (St Emilion ; 65% Merlot ; 30% Cabernet Franc ; 5% Cabernet Sauvignon ; un rendement final de 41,2 hl/ha ; 14,5% d'alcool ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). L'un des plus fruités en fruits rouges à la dégustation de l'Association. Framboise, loganberry, groseille et un peu de cassis. Limpide, brillant et bien délimité avec beaucoup de précision et de détails. Fin. Finale longue et effilée. 90-92+.

 

Roc de Candale (Saint Émilion). Chemin d'argile cuit, herbes sauvages, prunes et baies foncées. L'attaque montre une acidité élevée et commence par des notes de baies écrasées, mais nous obtenons une arrivée secondaire agréable et légèrement plus sucrée de cerises (rouges plus que noires), qui relève le tout. J'aime aussi le caractère juteux du milieu de bouche. Plus vif et dynamique en bouche qu'aromatiquement à ce stade, mais certainement prometteur. 89-91.

 

Rocheyron (Saint Émilion ; 75 % merlot ; 25 % bouchet en sélection massale ; rendement final de 35 hl/ha ; certifié biologique ; dégusté à la propriété avec Peter Sisseck). En termes de terroir, il me semble que Rocheyron est à Laroque ce que Canon est à Berliquet. Il y a eu quelques pertes dues à l'oïdium, mais le rendement global reste correct. Les vendanges ont été très précoces pour cette partie du Saint-Émilion, alors qu'elles étaient encore en cours à Pomerol. Très délicat, avec ce subtil goût de cassis du Bouchet et de feuilles de cassis. Un soupçon subtil de cèdre et un peu plus de graphite. Le milieu de bouche est un miroir froid. Joli poivre vert et poivre vert du Sichuan. Un peu de poivre rose également. Terre glaise. Myrtille. L'un de ces vins dont la douceur, la souplesse et l'élégance en bouche ressortent clairement des arômes (ne me demandez pas comment cela fonctionne, mais c'est le cas). Frais, d'une texture incroyablement soyeuse - de la soie plutôt que du cachemire, car il y a tellement de micro-couches. Il est plus dense que le Laroque, les tanins les plus fins et les plus granuleux agissant comme des rouleaux de verre pour différencier les couches. Mais il n'y a aucune perte de densité ou de concentration. Le cadre est assez serré, plus que son voisin, ce qui accentue la sensation de densité et de compacité. Les notes de cerise noire se développent et le vin évolue en bouche, ce qui procure une sensation agréable. Dans ce millésime, ce sont souvent les fruits noirs qui triomphent des fruits à noyaux, mais ici, c'est le contraire. En bref, ce vin devient de plus en plus séduisant au fur et à mesure qu'il se déploie en bouche. Un vin magique et si bien traité, exprimant ce merveilleux terroir d'une manière si accomplie et articulée. La longueur de ma note témoigne de mon enthousiasme. 97-99.

 

Rol Valentin (St Emilion ; 78% Merlot ; 15% Cabernet Franc ; 7% Malbec ; rendement final de 40 hl/ha ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Allumette frappée, silex, encens, pot pourri et pétales séchés, fruits rouges et fruits à noyaux plus foncés, damson et un peu de fruits noirs également. Riche et un peu boisé, mais peut-être moins que par le passé. Il semble presque un peu sucré - peut-être à cause du chêne grillé - et dans un millésime défini par une acidité élevée, cela semble incongru. La finale est assez sèche. 88-90.

 

Saintayme (Saint-Émilion ; 100 % merlot ; élevage en fûts de chêne, dont 30 % de fûts neufs ; 14,6 % d'alcool ; dégusté avec Noémie Durantou à L'Église-Clinet). Un beau vin intense, plutôt infusé d'herbes et de bruyère, de baies foncées et de fruits à noyau. Fruits de bruyère, fruits des bois, prunes, damons, ronces. Assez vertical sur le plan aromatique. Pur et intense en bouche également, avec une texture vitreuse impressionnante. La trame est assez serrée et étroite. Mais avec un bon volume de tannins. Belles notes de noix en finale. Excellent. 90-92+.

 

Sansonnet (St Emilion ; 87% Merlot ; 8% Cabernet Franc ; 5% Cabernet Sauvignon ; rendement final de 30 hl/ha ; pH 3,37 ; 14,5% d'alcool ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Je trouve également ce vin assez boisé, avec une floralité pétale rehaussée par le chêne, et une touche de safran. Plein, cossu, profond, riche, ambitieux sur le plan de la structure et de l'extraction. Limpide, souple et élégant, peut-être plus que vous ne l'imaginez, compte tenu de l'extraction. Mais aussi un peu sec en fin de bouche. Peaux de raisin et tannins mâchus. 89-91+.

 

La Serre (Saint Émilion ; 73% Merlot ; 27% Cabernet Franc ; dégusté deux fois, d'abord chez Bélair Monange, puis à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Un peu étrange, très salin et assez épicé, avec une teinte fruitée plus claire que beaucoup. Framboise, peut-être même un peu de fraise. On remarque un peu le chêne - épices douces et gousse de vanille. Pur. Un peu maigre. Élancé mais avec un noyau central joliment ciselé. Finesse, mais un peu sévère sur la finale que je trouve également un peu sèche. 89-91.

 

Simard (Saint Émilion ; 55M ; 25CF ; 15CS ; 5PV ; chez Ausone). Épicé. Riche. Profond. Poivré. Beaucoup d'extrait. D'une certaine manière, il est de la vieille école. Tannins mâchus, mais plus légers et plus souples que ce que l'on attend des arômes. Belle texture. Bonne longueur. Large charpente. Velours plutôt que soie. Beau caractère de terroir. 90-92.

 

Soutard (St Emilion ; dégusté lors de la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Un peu indistinct aromatiquement dans la volée de St Emilion de l'UGCB, mais pas vraiment fermé. Il y a de délicates notes de lavande et de violette, de cerises et de myrtilles - de plus en plus à l'aération, même légère. Subtil. Floral également en bouche, avec un entrelacement sinueux de cerises et de fleurs qui est très attrayant. Les notes de cassis se développent vers la finale qui est saline et sapide. 91-93+.

 

Soutard Cadet (Saint Émilion ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). Encens, pétales de rose écrasés et concentrés, cerises rouges et plus foncées, groseilles et cassis. Ce vin est bien rempli de fruits écrasés, mais l'acidité est un peu élevée, ce qui le rend un peu austère. J'ai hâte de le déguster à nouveau, car il présente un profil fruité très distinct et intéressant. 89-91.

 

St-Georges Côte Pavie (St Emilion ; 80% Merlot ; 20% Cabernet Franc ; un rendement final de 30 hl/ha ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés chez Dassault). Encens, myrtille sauvage, ronce, un peu de graphite, un soupçon de thym sauvage. Belle texture, c'est un vin qui a considérablement gagné en élégance dans les derniers millésimes. Les tanins sont sveltes et à grain fin, ils sculptent le flux du vin sur le palais et celui-ci a beaucoup d'élan malgré une densité non négligeable. Bien fait. Ce n'est pas le plus complexe ni même le plus apte à vieillir des vins de la Côte de Pavie, mais il s'agit du meilleur millésime récent de ce vin, je pense, et je soupçonne qu'il s'agit d'un signe pour l'avenir. 91-93.

 

Tertre Rôteboeuf (Saint Émilion ; 80% merlot ; 20% cabernet franc ; 14,5% d'alcool ; dégusté à la propriété avec François Mitjaville). Les rendements sont généreux ici et le seul problème a été les lapins qui se sont gavés de bourgeons frais dans une seule parcelle ! Un vin toujours singulier et en 2023, il l'est toujours autant. Si tous les vins sont égaux, certains sont plus égaux que d'autres ! Moins exubérant que le Roc de Cambes, mais tout à fait magnifique dans son profil frais, luxuriant et profond de fruits noirs. Encens. Myrrhe. Assez salin, avec une touche de cannelle et de pain d'épices. Pain d'épices. Pot pourri. Cuir - le vieux fauteuil. Safran. Kirsch. Huile de noix. Poivre noir concassé. Racine de réglisse. Très net en fin de bouche et d'une linéarité digne d'une rapière. Un vin qui transcende en quelque sorte le millésime et qui n'a pas l'acidité élevée des autres. Avec essentiellement un ouvrier viticole par hectare, tout a été géré avec beaucoup de soin et de réactivité, de sorte qu'il n'y a pas eu de pertes de rendement et que les vendanges ont été faites à la carte, à parfaite maturité. Cela explique en partie la qualité de ce vin. Une singularité dans tous les millésimes, surtout dans celui-ci. 94-96.

 

Teyssier (Saint Émilion). Vraiment, avant même de considérer le prix probable, ce vin est excellent. Brillant, aromatiquement explosif, avec des baies pures et croquantes, des notes d'herbes sauvages et cette légère note minérale ferreuse que j'ai associée à Teyssier et, surtout, à Laforge - ainsi que cette touche Maltus d'épices douces et de poivre noir. Un volume agréable en bouche, avec une densité et une longueur convenables, bien qu'un léger soupçon de sécheresse en fin de bouche. 89-91.

 

Tour Baladoz (St Emilion ; 80% Merlot ; 10% Cabernet Franc ; 5% Cabernet Sauvignon ; 5% Petit Verdot ; rendement final de 45 hl/ha ; dégusté à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Plutôt boisé et extrait, beaucoup plus que La Croizille. Grand, gras, riche et percutant. Encens et pot pourri, notes de cerises rouges et plus foncées, baies rouges également. Joliment frais, assez vibrant et croquant dans son fruit, mais il y a une étrange disjonction entre la fraîcheur du palais et l'opulence des arômes. Il a besoin de temps pour s'épanouir. J'ai hâte de le déguster à nouveau en temps voulu. 89-91.

 

La Tour Figeac (Saint Émilion ; 65% merlot ; 35% cabernet franc ; rendement final de 45,5 hl/ha ; 14% d'alcool ; dégusté à la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du Vin puis à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Ce vin se distingue dans la gamme de l'UGCB par une note de fruits rouges plus brillante et plus légère, à laquelle s'ajoutent des baies plus foncées, accompagnées d'une abondante floraison de violettes. En fait, nous avons de multiples nuances de groseilles - blanches, rouges et noires, également, avec un peu de leur feuillage en bouche. Très pur dans son profil fruité et très dynamique en bouche. Ce vin est moins dense que beaucoup d'autres, mais il est plus complexe, plus vibrant et plus articulé. Vif et engageant, il me plaît beaucoup. Un peu comme un coup de cœur. Le millésime le plus agréable dont je me souvienne. 92-94+.

 

Tour St-Christophe (Saint Émilion ; 80 % merlot ; 20 % cabernet franc ; rendement final de 46 hl/ha ; pH 3,35 ; 14,8 % d'alcool ; 23 hectares sur des sols argilo-calcaires ; dégusté d'abord à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault, puis à Bellefont Belcier avec Emmanuelle Fulchi et Jean-Christophe Meyrou ; un rendement généreux, comme dans tous les domaines des Vignobles K, avec pratiquement aucune trace de mildiou). Une belle signature calcaire dans les arômes, de sorte que l'on peut presque sentir les tannins de calcaire avant de mettre ce vin en bouche. De magnifiques fruits bleus et violets écrasés, généreusement enrobés de graphite. Pivoines et glycines, essence de violette du parfumeur, un soupçon de lavande. Et une petite fraîcheur de framboise à l'aération. Il y a une généreuse douceur naturelle dans ce vin. Vibrant mais doux à l'attaque. Une structure serrée, magnifiquement encadrée par des tanins calcaires structurants. Salinité calcaire et notes de réglisse également. Dense et compact, précis et concentré, ce vin est une autre grande réussite. Toujours excellent et ici avec encore plus de clarté, de précision et d'amplitude. Brillamment sapide, avec une merveilleuse pincée de tanins calcaires friables et agrippants. Qu'est-ce qu'il y a à ne pas aimer ? 93-95+.

 

Trianon (Saint Émilion). Une propriété longtemps négligée, mais qui connaît aujourd'hui une ascension fulgurante. Un millésime difficile, on l'imagine, ici a été plutôt bien géré, mais ce vin n'est pas à la hauteur des sommets de 2020 ou 2022. Les arômes se caractérisent par de belles notes de brioche et de fruits noirs, un peu de thym sauvage également, de douces épices et un soupçon de floralité. En bouche, le fruit présente une belle note de cassis feuillu, aucune trace de verdure et une évolution assez impressionnante au fil du palais. Mais la finale est un peu disgracieuse, l'acidité semblant s'accumuler et rendre ce vin un peu rustique. Néanmoins, un effort audacieux qui devrait être récompensé. 89-91.

 

Troplong Mondot (Saint Émilion ; 84 % merlot ; 13 % cabernet sauvignon ; 3 % cabernet franc ; issu des 27 hectares historiques du domaine ; dégusté à la propriété avec Aymeric de Gironde). Plus sombre que le Mondot, ce vin présente de jolis arômes de damon et de prunelle, un peu de cassis et de ronce, ainsi que de nombreuses herbes sauvages et du graphite qui lui confèrent un intérêt supplémentaire. Ce vin est grand, audacieux, riche et dodu, avec beaucoup d'amplitude, mais aussi une profondeur et une substance considérables. Assez détendu au début, il est très net et brillant en fin de bouche. De forme sphérique avec un cadre assez large et une excellente précision. Cela donne beaucoup d'espace et de possibilités aux baies succulentes et sapides de jouer avec elles - leur fraîcheur apporte un élan et un dynamisme de type tourbillon au milieu de la bouche. De belles notes de menthol, d'eucalyptus et de poivre de Sichuan en fin de bouche. Excellent. 95-97.

 

Trottevieille (St-Emilon ; 53% cabernet franc ; 44% merlot ; 3% cabernet sauvignon ; 13,5% d'alcool ; 28 cuves pour 8 hectares, ce qui leur permet de vendanger sur une longue période et à maturité optimale). Grand, dodu et cossu, avec une belle texture. Très large d'épaules, mais avec une forme de gravité verticale et de profondeur qui provient de la présence de tant de cabernet. Les myrtilles sauvages remplissent l'espace que leur laisse la structure, ciselée comme elle l'est à partir du calcaire situé en dessous. Violette et rose. Des grains de poivre de rose. Frais, souple et ondulant avec des baies sombres juteuses et sapides. Vraiment succulent et rafraîchissant, vif, vibrant et très énergique. La densité est également impressionnante. Ample, mais tellement frais. Les tanins calcaires saisissent le fruit et le ramènent vers la colonne vertébrale, donnant à ce vin une structure en forme de sablier qui a le même effet sur mes joues - de sorte que ce vin se termine presque sur un léger sifflement aérien, laissant juste le goût des peaux de raisin. Cueilli comme un Sauternes. Un vin fabuleux sous forme de mousse en 2023. 95-97.

 

Valandraud (Saint Émilion ; 84 % merlot ; 8 % cabernet sauvignon ; 8 % cabernet franc ; 15 % d'alcool et 100 % de chêne neuf ; dégusté lors de la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Ce vin est d'une telle intensité qu'on ne peut que s'en réjouir. C'est tellement intense. Nous sommes vraiment dans le boudoir du parfumeur ! Violette, essence de violette, ganache incrustée de violette forgée dans le chocolat fondu le plus noir, moka et cerises noires, gâteau forêt noire et un soupçon de myrtille et de cassis. De la cire de bougie aussi. Dodu, doux, dense et bourré de cerises noires écrasées, ce vin est très pur et cristallin compte tenu de la densité du milieu de bouche. Très impressionnant sur le plan technique et très hédoniste sur le plan aromatique en bouche. 95-97.

 

Villemaurine (Saint Émilion ; 70% merlot ; 30% cabernet franc ; rendement final de 33 hl/ha ; pH 3,46 ; 14,5% d'alcool ; dégusté à la dégustation presse de l'UGCB à la Cité du Vin puis à l'Association des Grands Crus Classés à Dassault). Salin. Cassonade de cacahuètes. Combinaison intéressante de fruits rouges et de baies plus foncées, bien qu'assez proche au début. Avec l'aération, et surtout lors de la seconde dégustation, ce vin est plus intégré et harmonieux, avec des notes rassurantes de violette et de cèdre et des fruits rouges un peu plus foncés (comme on s'y attend ici). La bouche est étrange, mais elle l'est moins lorsqu'on la déguste à nouveau. Texture très impressionnante avec des tanins au grain hyperfin, mais peut-être un peu monotone. Cela dit, j'adore le soupçon subtil de menthe et de cassis du cabernet qui se manifeste comme s'il venait des profondeurs vers la fin. J'ai hâte de le déguster à nouveau. 90-92

 

Vieux Château Mazerat (Saint Émilion ; 90 % merlot ; 10 % cabernet franc ; rendement final de 34 hl/ha ; élevage en fûts de chêne, dont 80 % sont neufs ; de Jonathan Maltus ; Thomas Duclos est le nouveau consultant ici). Une nouvelle étiquette le fait ressembler davantage au Dôme. Riche et crémeux, il est cependant vif et brillant sur le plan aromatique, avec des tonnes de cerises noires parfaitement mûres et un peu de myrtille sauvage et de cassis, de chocolat noir, de moka et un soupçon de réglisse noire. En bouche, le vin est audacieux et percutant, avec une profondeur et une concentration considérables. Malgré cela, il reste juteux et sapide jusqu'à la fin - ou presque. Car si j'ai un petit problème ici, c'est le très léger soupçon de sécheresse en fin de bouche, où les tanins deviennent un peu poudreux. 92-94.

Ajout tardif :

Jean Faure (St-Emilion ; 65% cabernet franc ; 30% merlot ; 5% malbec ; certifié biologique et biodynamique ; 14% d'alcool ; ce vin est merveilleusement placé entre Cheval Blanc, Figeac et Evangile sur un terroir argileux riche en oxyde de fer de 18 hectares). Ce vin a souvent été produit à environ 60 % de cabernet franc, mais je ne pense pas l'avoir jamais vu à 65 % de l'assemblage final. Ce vin exprime brillamment cette myrtille aérienne et dodue du cabernet, avec des notes de lavande et de violette, un peu de romarin et de thym sauvage, ainsi qu'un peu de mûre et de ronce. L'attaque est assez ample, mais les tanins fins mais considérables s'emparent rapidement du fruit, le ramenant vers la colonne vertébrale et augmentant ainsi l'intensité, la concentration, la profondeur et la densité du vin. Tendu, vif et vibrant, ce vin est très pur, précis et concentré sur la finale fraîche de menthe verte. 93-95.

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