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Pomerol 2023 en primeur : notes de dégustation

Colin Hay, correspondant de db à Bordeaux, a constaté qu'il y avait de très bons vins à Pomerol, malgré un millésime qui s'est avéré délicat pour l'appellation. Voici ses notes de dégustation complètes. 

Tout d'abord, une remarque sur les notes. Les notes de dégustation fournissent une évaluation indicative pour chaque vin, à côté du commentaire publié - qui est nécessairement subjectif. L'objectif est avant tout de décrire le vin dans le contexte du millésime, de l'appellation et des millésimes récents du même vin ou de vins similaires, plutôt que de juger le vin en tant que tel.

Les notes reflètent bien sûr mes évaluations subjectives et mes préférences relatives entre les vins. Votre palais est probablement différent du mien. J'espère que mes commentaires vous donneront au moins assez d'informations pour que vous puissiez recalibrer mes évaluations et, ce faisant, les aligner plus étroitement sur votre propre palais. Pour donner un exemple : si l'idée du "nouveau classicisme" vous laisse froid, vous souhaiterez peut-être ne pas tenir compte des notes (généralement élevées) que j'ai attribuées aux vins décrits dans ces termes.

2023, comme ses deux prédécesseurs, est bien sûr un millésime loin d'être homogène - et, par conséquent, mes notes couvrent un éventail considérable (du haut de l'échelle jusqu'en bas). Je ne vois guère d'intérêt, ni pour le consommateur ni pour le producteur, à publier des notes très basses. Par conséquent, j'ai décidé de ne pas publier de notes pour les crus classés (ou vins équivalents) que j'ai notés en dessous de 90 (ici la fourchette 89-91) et pour les crus bourgeois (ou vins équivalents) que j'ai notés en dessous de 89 (ici la fourchette 88-90). Lorsqu'aucune note n'est publiée, le vin a obtenu une note inférieure à ces seuils. Lorsque mon évaluation écrite du vin aurait pu s'avérer peu flatteuse pour la propriété, j'ai simplement choisi de ne publier ni le commentaire ni la note.

Enfin, l'élevage jouera probablement un rôle très important dans la détermination de la qualité en bouteille de ces vins. Je ne suis pas devin et je ne peux pas prédire ce qu'il en sera (une autre raison de l'utilisation de notes échelonnées). Mais toutes les évaluations en primeur doivent être traitées avec prudence et prises avec une certaine pincée de sel.

Voir ici l'évaluation par Colin de Pomerol, Margaux, St Julien, Pauillac, St Estèphe et Saint Émilion.

Beauregard

Beauregard (Pomerol ; 74% merlot ; 20% cabernet franc ; 6% cabernet sauvignon ; rendement final de 43 hl/ha ; pH 3,8 ; dégusté lors de la dégustation presse de l'UGCB à la Cité du Vin puis avec Vincent Priou à la propriété). Belle floraison de pétales de rose, d'iris et de violette. Doux, caressant, séduisant et pourtant intime. Frais et pur, sinueux et somptueux, avec la floralité de la violette si bien intégrée dans la trame. Si juteux et frais. Un Beauregard que j'aime vraiment, mais je suis un fanatique de la violette. 93-95.

 

Bel-Air (Pomerol ; 100% Merlot ; à la limite de Bourgneuf et Trotanoy). Très élégant et articulé sur le plan aromatique. Très expressif de son terroir de Pomerol, avec une minéralité ferreuse légèrement précoce, un bon soupçon de cèdre à venir et une intensité agréable de baies sombres et de fruits à noyau. Assez large à l'attaque, mais pas particulièrement dense ou compact et plus court que d'autres en finale. Un Pomerol facile à boire, sans prétention, qui vous dit d'où il vient. Il est probable qu'il soit d'un excellent rapport qualité-prix. 89-91.

 

Blason de l'Evangile (Pomerol ; 95% Merlot ; 5% Cabernet Franc ; un véritable second vin, une sélection de cave, comme Cheval Blanc ; dégusté à la propriété). Cossu, noisette - surtout noix. Cerise noire. Un soupçon de myrtille. Svelte, doux et parfumé dans son profil fruité, avec une densité agréable en milieu de bouche. En forme de losange en bouche, il est agréablement compact au cœur. Crémeux, avec un soupçon de cabernet franc et une fraîcheur feuillue dans le cadre établi par le merlot. Frais et tendu, mais d'une bonne intensité et d'une grande richesse au bon endroit. Une petite note de réglisse sur la finale bien soutenue. 91-93.

 

Bonalgue (Pomerol ; 95% Merlot ; 5% Cabernet Franc ; issu d'un vignoble de 9,17 hectares ; rendement final de 38 hl/ha ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine puis au Clos du Clocher ; vendangé pendant 6 semaines). Fruits noirs et cerises. Ronce écrasée. Violette. Très pur et raffiné. Soyeux, souple et sinueux avec des tannins de qualité aérienne (comme à la Brane Cantenac). Il en résulte un milieu de bouche volumineux, dodu, brillant et intensément juteux. Il n'est pas du tout exagéré et il glisse - et scintille - sur le palais. Sapide, juteux, élégant et raffiné avec une incroyable douceur. Très succulent. 92-94.

 

Le Bon Pasteur (Pomerol ; 80% merlot ; 20% cabernet franc ; rendement final de 40 hl/ha ; 14% d'alcool ; dégusté lors de la dégustation presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Moins boisé et plus délicat qu'auparavant, avec plus de typicité Pomerol, bien que l'extraction soit peut-être encore un peu poussée, laissant la finale légèrement sèche. Minéralité saline entrelacée avec les fruits cuits et les prunes fraîches. Un peu saumâtre et presque un peu abrasif en finale. 90-92.

 

Bourgneuf (Pomerol ; 90 % merlot ; 10 % cabernet franc ; voisin de Trotanoy et commençant à avoir le même goût ; dégusté à Bélair-Monange dans la volée J-P Moueix). Introduit plus tard dans la gamme qu'auparavant (après La Grave à Pomerol), il reflète les réels progrès réalisés au cours des derniers millésimes. Il est également notable que c'est à cet endroit de la gamme que la qualité commence vraiment à monter (il y en a toujours un dans la dégustation du Moueix qui marque l'ascension vers le sommet). Somptueux, avec des fruits noirs et des fruits à noyau radieux et assez verticaux (plus des premiers, moins des seconds). J'aime aussi la note de graphite et de taille de crayon qui est déjà évidente. Ce vin est également floral - violettes et chocolat noir parfumé à la violette. Sombre et intense, frais et pourtant doux et pulpeux. Succulent et séduisant. Un peu comme un coup de cœur. Le meilleur de ce vin et l'antithèse de la rusticité que j'avais l'habitude d'associer à ce vin. 93-95.

 

Certan de May (Pomerol ; 65 % merlot ; 25 % cabernet franc ; 10 % cabernet sauvignon ; dégusté à Bélair-Monange dans le vol J-P Moueix). Venant après le Latour à Pomerol, ce vin est, comme il le sera toujours et devrait l'être, un peu plus austère, un peu moins svelte et séduisant, mais pas moins impressionnant. Il y a plus de profondeur, une minéralité différente - un peu plus ferreuse que rocheuse - et l'ajout de Cabernet lui confère presque une qualité de rive gauche que j'ai déjà remarquée. Il est intéressant de noter que le chêne est plus présent ici, apportant de douces notes épicées. Poivre noir également. Mais il y a aussi une douceur naturelle rayonnante. Des fruits rouges et des baies plus foncées, un cadre assez serré, densément chargé de fruits - et, encore une fois, cette note ferreuse, un peu d'amadou aussi. Ce vin a besoin de temps, les tanins considérables sont à grains fins mais très présents en finale, presque un peu secs. Toujours délicat à évaluer en primeur - d'où l'ajout équivoque d'un "+" (le bénéfice du doute et mon sentiment que ce vin se révèlera davantage avec le temps) ! 91-93+.

 

Le Clémence (Pomerol ; rendement final de seulement 25 hl/ha ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). Fruits très noirs - beaucoup de myrtilles et de ronces, un peu de cassis, des notes d'herbes sauvages également et une touche de peau et de chair de damon. Graphite. Un peu de chêne qui n'est pas encore intégré. Profond, sombre, assez riche et frais en bouche, avec des tanins très fins qui gagnent en granularité en fin de bouche. Pas particulièrement complexe, mais bien géré et bien soutenu par la longue finale. 90-92.

 

Clinet (Pomerol ; 75 % merlot ; 25 % cabernet sauvignon ; rendement final de 42 hl/ha ; 14 % d'alcool ; élevage en fûts de chêne, dont 80 % sont neufs ; dégusté lors de la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du vin et à Clinet avec Ronan Laborde). D'une pureté brûlante et d'une verticalité aromatique ascendante. Au début, prunes asiatiques, mûres, ronces. A l'aération, cerise noire plus familière qui, à l'aération, finit par dominer. La minéralité est assez saline, avec presque un soupçon d'iode. Frais, pur, précis. Impressionnant par sa densité et son sens de la stratification - de larges feuilles de soie, finement pixellisées dans leur stratification (les tanins définissant chaque feuille). Tendre mais tendu et énergique. Très bien géré. Sapide en finale. Rafraîchissant. 94-96.

 

Clos Bel Air (Pomerol). C'est la première fois que je le goûte. On sait tout de suite où l'on se trouve avec ce vin et il est bien fait. Une note de noix de Pomerol, cette minéralité ferreuse qui caractérise certaines parties de l'appellation et un profil de fruits bien mûrs, assez dodus, dominés par le merlot. J'aime la note d'huile de noix, le graphite et le soupçon de cèdre à venir. La trame est étroite, ce qui accentue l'intensité du fruit. Linéaire, précis. Un bon résultat. 89-91.

 

Clos de Clocher (Pomerol ; 70% Merlot - avec un peu en cours de replantation réduisant la proportion dans l'assemblage cette année ; 30% Cabernet Franc ; c'est le 100ème millésime ; un rendement final de 40 hl/ha ; 13,9% d'alcool ; issu de 3 blocs de parcelles, totalisant seulement 3.5 hectares, la plus grande plantée en 1924 sur la partie ouest du plateau sur de l'argile bleue, la seconde à côté de Trotanoy sur des graviers sur de l'argile bleue et la troisième en contrebas de la propriété elle-même à côté de Beauregard ; dégustation au Clos du Clocher avec Jean-Baptiste Bourotte et Mathieu Bonté ; vendanges sur 5 semaines). Une belle signature de la propriété, un nez de Pomerol magnifiquement effusif, avec beaucoup de générosité et d'amplitude, comme c'est son style. Violette, pétales de rose, safran, noix et amande, frangipane, un peu de brioche grillée. Orange sanguine. La bouche est magnifiquement sphérique, ronde et pulpeuse, gracieuse et ample. Bouche merveilleusement sapide et charnue. Finale très fine. Compact et dense mais sans excès, laissant s'exprimer le cabernet franc. Une joie et une vivacité enthousiasmantes. Mâchu en fin de bouche. Plus proche de La Conseillante que de l'Eglise-Clinet dans ce millésime. 94-96+.

 

Clos de la Vieille Eglise (Pomerol ; 70% Merlot ; 30% Cabernet Franc ; rendement final de 48 hl/ha ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). Plus riche et plus sombre que son voisin Porte Chic, mais avec exactement le même sens admirable de la définition, de la clarté et de la délimitation. Plus de myrtilles et de mûres ici, un peu de mûres de Logan également. Soyeux et dynamique, sinueux et passionnant dans sa précision et sa luminosité. Vraiment excellent et avec une acidité si bien intégrée. Long, élégant et racé. 93-95.

 

Clos Vieux Taillefer (Pomerol ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). Dodu et charnu, très cerise noire et cerise dans son profil fruité avec une petite suggestion de gâteau de forêt noire lacé de kirsch. Il est assez substantiel, mais sur un cadre assez étroit, ce qui accentue la sensation de concentration, mais aussi la sensation granuleuse des tannins. Ils se développent vers la finale qui devient un peu abrasive. 88-90.

 

La Commanderie (Pomerol ; 85% Merlot ; 15% Cabernet Franc ; un rendement final de 40 hl/ha ; un vignoble de 5,8 hectares sur un terroir de sable et de gravier à côté de Nénin ; Pascal Chatonnet est le consultant ; pH 3,7 ; 14,6% d'alcool ; dégusté deux fois à Haut-Chaigneau avec Pascal Chatonnet et ensuite à La Dauphine). Encens, pot pourri, un petit soupçon délicat de violette, un peu de vanille et de fumée de chêne également (le chêne n'est pour l'instant pas complètement intégré aux arômes). Cerise noire, kirsch, chocolat noir et un peu de myrtille et de ronce. Un bel élément de cèdre se développe à l'aération. La bouche est riche, dodue, pleine et pourtant assez souple et scintillante. Sapide et juteux avec beaucoup de réglisse en finale. Assez substantiel mais une réussite dans le contexte du millésime. A besoin de temps. 91-93.

 

La Connivence (Pomerol ; 75% Merlot ; 25% Cabernet Franc ; 1,4 hectares à côté de Belle Brise sur un petit coteau de gravier ; un vignoble de jardin ; 2000 bouteilles de production totale y compris le second vin ; 14,4% d'alcool ; dégusté à La Gaffelière avec Thomas Soubes). Gracieux. Charmeur. Séduisant. Authentique Pomerol de plateau de qualité supérieure. Myrtille. Mûre. Mûre. La cerise noire soutient les baies foncées et dodues et s'affirme avec l'aération, développant et apportant de la profondeur au milieu de la bouche. Thym sauvage. Merveilleusement étagé et d'une texture veloutée. Un cadre étroit aide à établir et à renforcer l'intensité du fruit. De belles notes de graphite également, surtout lorsque le vin se détend dans le verre. Tanins mâchus en fin de bouche. Élégant et exquis, mais avec beaucoup de puissance et de concentration. Plutôt magique, comme il a l'habitude de l'être. 95-97.

 

La Conseillante (Pomerol ; 88% Merlot ; 12% Cabernet Franc ; rendement final de 43 hl/ha, les seules pertes provenant de la dessiccation des fruits en septembre ; pH 3,68 ; 14% d'alcool ; dégusté à La Conseillante avec Marielle Cazaux ; c'est une statistique incroyable que 1150 heures ont été utilisées ici pour apporter le fruit de 11 hectares ; une longue macération, explique Marielle, l'une des plus longues). Ce vin est si magnifiquement rougeoyant et expressif de La Conseillante qu'il ne peut provenir que d'ici. C'est un millésime où les meilleurs Pomerols sont profondément marqués par le terroir, mais aucun n'est plus marqué par le terroir que La Conseillante. Noix. Bleuets. Violettes. Iris. Bleuet. Cerise noire. Un peu de pétale de rose. Dégusté après une pluie intense, ce vin est peut-être un peu plus fermé qu'il ne le serait autrement, mais cela ne fait que souligner les arômes tout à fait gracieux. En bouche, il est charnu - ce qui est rare dans le millésime - et incroyablement charnu. Et avec une belle fraîcheur naturelle. Une intensité fabuleuse, une grande amplitude et un palais si riche, plein et somptueux. De nombreux vins de ce millésime présentent de petits courants ascendants, des tourbillons et des raisins de Corinthe d'une fraîcheur délicate ; celui-ci présente de grandes vagues atlantiques d'une fraîcheur palpitante. Somptueux et succulent, ultra frais et pur en finale. C'est un Pomerol luxuriant, moelleux et sexy avec un grand panache en fin de bouche. Le cœur et l'âme du plateau. 97-99.

 

La Croix de Gay (Pomerol ; rendement final de 42 hl/ha ; dégusté lors de la dégustation de presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Chemin cuit poussiéreux, minéralité ferreuse et notes variées de prunes fraîches et plus cuites, avec un élément agréable d'herbes sauvages également. En bouche, ce vin est frais et souple, et sa texture est beaucoup moins rustique qu'elle ne l'était auparavant. Cela fonctionne bien. Honnête, direct, authentiquement expressif de son terroir, bien qu'un peu monotone. 91-93.

 

La Croix du Casse (Pomerol ; 96% Merlot ; 4% Cabernet Franc). Belles notes de bruyère sauvage. Assez épicé, mais pas de façon dominante. Une trace proéminente de la minéralité ferreuse que j'associe à ce terroir. Dodu, frais et assez vertical, une trame étroite et serrée accentuant la sensation de profondeur. Belle fluidité et milieu de bouche cristallin. Bien fait mais un peu dominé par la note ferreuse. 90-92.

 

La Croix St-Georges (Pomerol ; 95% Merlot ; 5% Cabernet Franc ; rendement final de 44 hl/ha ; 14% d'alcool ; dégusté à Belgrave). Un peu oxydatif, très épicé, assez salin dans sa minéralité et assez ferreux aussi. Pour moi, cela étouffe un peu les fruits frais et on a plutôt l'impression de fruits légèrement cuits sur le plan aromatique. Sapide, juteux et plutôt meilleur en bouche, où je le trouve dense et compact, joliment étagé et succulent, bien qu'un peu quadrillé. Les tannins sont juteux au début, mais ils s'assèchent légèrement en fin de bouche. J'aimerais le déguster à nouveau. 90-92.

 

Domaine de L'Eglise (Pomerol ; 98% Merlot ; 2% Cabernet Franc). Un fruit plus foncé, un peu de prune cuite et de damson aussi, de plus en plus en fait avec l'aération. Dégusté après La Croix du Casse, ce vin présente une acidité plus prononcée et, en raison du sol argilo-graveleux, une note plus ferreuse dans sa minéralité. Des éléments herbacés doux et sauvages sont également présents. Un peu de graphite. Jolis grains de poivre vert. Plus riche, plus ample, moins austère. Milieu de bouche lumineux, accentué par une charpente plus ample. Joliment formé, avec une bonne concentration et une bonne densité. L'acidité remonte un peu en fin de bouche. Mais il y a une compensation sous la forme d'un joli soupçon de cassis et de plus en plus de cerises noires au fur et à mesure que ce vin s'ouvre. Peut-être un peu strict pour l'instant, mais avec le temps (ou une plus grande aération), il deviendra plus séduisant. Bon potentiel. 91-93+.

 

L'Eglise-Clinet (Pomerol ; 90% Merlot ; 10% Cabernet Franc ; 82% de chêne neuf ; 14,6% d'alcool ; dégusté à la propriété avec Noemie Durantou). Un peu fermé au début lors d'une dégustation sous un ciel plombé et pluvieux. Néanmoins, l'arôme est tout à fait divin, le cabernet franc soulevant vraiment ce vin alors que les myrtilles et les notes florales subtiles s'élèvent verticalement du verre, brisant la tension superficielle. Cèdre. Pétales de rose. Eau de rose. Pivoines. Iris. Violette. Encens. Patchouli. Une belle douceur naturelle. Beaucoup de cerises et de prunes, de myrtilles et de ronces ; à l'aération, la complexité des fruits s'accroît avec la mûre de Logan et la mûre sauvage. Thym sauvage. Ample et beaucoup plus large que La Petite Eglise. Beaucoup de profondeur et de concentration, une structure immense mais un cœur si doux, une fois de plus. Poivre de Sichuan fraîchement écrasé. Succulent et juteux, sapide et si concentré et précis sur la longue finale qui s'effile doucement. Exquis. Brillant et singulier. Un peu plus intime et introverti que les autres Pomerols du plateau supérieur, plus sombrement fruité et si gracieux. Un véritable vin de garde. Pourtant, il est incroyablement accessible et déjà très beau. Un triomphe. 97-99.

 

L'Enclos (Pomerol ; 75% Merlot ; 20% Cabernet Franc ; 5% Malbec ; d'un vignoble de 9 hectares sur le bord ouest du plateau, à côté de Guillot Clauzel, et avec un âge moyen de 40 ans ; biologique et en transition vers la viticulture biodynamique). C'est la propriété sœur de l'étoile montante qu'est Fonplégade à Saint-Émilion. Encore une fois, j'aime beaucoup ce vin. Sauge. Herbes sauvages. Des notes terreuses, un peu de sous-bois. Et, à l'aération, un joli soupçon de violette. Il y a aussi un peu de réglisse, avec la salinité qu'elle apporte, et une corne d'abondance de baies sauvages croquantes et éclatantes. La finale persistante est fraîche et nette. 91-93+.

 

L'Enclos Tourmaline (Pomerol ; 97% Merlot ; 3% Cabernet Franc ; seulement 1,2 hectares sur de l'argile bleue et des graviers ; 100% de chêne neuf ; un rendement généreux, comme dans tous les domaines Vignobles K, avec pratiquement pas de mildiou ; dégusté à Bellefont Belcier). Salin, encore une fois, avec presque une note de noix de macadamia salée et grillée, de douces épices douces, de cannelle et de pain d'épices, de cerise noire et de myrtille. Un peu d'iris subtil. S'ouvre lentement et gagnerait à être carafé. Très ample, il pousse les joues avec beaucoup de jus de fruits juteux et sapides. Bonne densité et compacité, mais aussi très cristallin. Flottant. Un peu introverti pour l'instant et l'élévage sera important, mais tout est là. Devrait être grand. Un véritable vin de garde. Vibrant et sapide. 93-95+.

L'Evangile, Bordeaux

L'Evangile (Pomerol ; 79% Merlot ; 21% Cabernet Franc ; moins de 1% Cabernet Sauvignon ; pH 3,75 ; 50% chêne neuf ; 13,5% alcool). Assez charnu avec beaucoup de cabernet franc pour la propriété. Intime et un peu fermé au départ, mais très évocateur de L'Évangile. Voluptueux et pourtant réservé, beaucoup moins immédiatement opulent qu'il n'a eu tendance à l'être, plus introverti et confidentiel. Des cerises noires dodues et leur texture en bouche. Des myrtilles sauvages, des mûres aussi et peut-être une petite touche de pruneau. Thym. Graphite. Superbe texture et sensation en bouche très gracieuse. Somptueux et élégant, avec une grande densité en milieu de bouche. Très raffiné. Pas tapageur. J'adore les notes de cabernet franc, avec une petite injection et une libération de cassis à travers le cadre de fruits à noyau établi par le merlot en milieu de bouche. Il apporte un vent de fraîcheur au moment où il le faut. Je trouve que le lien avec le Lafite est plus étroit que jamais (Saskia de Rothschild étant à la tête de l'assemblage des deux vins). 95-97+.

 

Fayat (Pomerol ; 95% merlot ; 5% cabernet franc ; rendement final de 52 hl/ha ; pH 3,58 ; 13,6% d'alcool ; dégusté à La Dominique). Sapide, frais et juteux, c'est une grande réussite dans le contexte du millésime. Il y a un peu de muguet et de lilas dans la floraison des prunes et des ronces, une trace de graphite aussi et peut-être une suggestion de bâton de cannelle râpé. En bouche, ce vin est très serré, ce qui lui donne plus d'intensité qu'il n'en aurait autrement. L'extraction a été clairement modérée et bien gérée, car les tanins sont très polis et à grain fin. La vinification a été réalisée avec beaucoup de doigté, ce qui donne un vin d'une grande fraîcheur, mais sans acidité élevée. Harmonieux. 91-93.

 

Feytit Clinet (Pomerol ; 88% Merlot ; 12% Cabernet Franc ; issu de 6,3 hectares de graves pures et de graves sur argile un peu en contrebas de Clinet ; un rendement final de 41 hl/ha ; le premier millésime élaboré par Jérémy Chasseuil et son fils Adrien ensemble - nous pouvons être très confiants quant à la succession intergénérationnelle ici). Intensément fruité foncé avec juste un peu de fumée de chêne et des tonnes de poivre noir fraîchement moulu, un peu de poivre de Sichuan et de menthe également. Frais, avec un somptueux milieu de bouche en forme de piscine, où la cerise noire, la myrtille et le graphite semblent généreusement imbriqués. Une belle prise en main des tanins libère une vague de sapidité dans son sillage et aide à construire une belle finale en queue de poisson. Un vin vraiment équilibré, cossu et excellent. Le meilleur Feytit que j'ai goûté depuis peut-être le 2016. Un coup de cœur. 93-95.

 

La Fleur-Pétrus (Pomerol ; 96,5% Merlot ; 3% Cabernet Franc ; 0,5% Petit Verdot ; dégusté dans le cadre du vol Moueix à Bélair-Monange). Captivant. Il est d'abord fermé, ne laissant entrevoir qu'une infime partie de ce qu'il souhaite révéler. Parfaitement formé, avec une texture glaciale, fraîche, sombre, riche et somptueuse, les tanins les plus gracieux et une belle forme alors qu'il glisse sur le palais sur des perles de tanins les plus fins et les plus sphériques. Plus frais que le Trotanoy, le fruit a une teinte un peu plus claire - mûre et framboise, moins de cerise, moins de myrtille, mais un peu de mûre. J'aime les notes de lavande, de romarin et de violette qui semblent se fondre dans les baies foncées, ainsi que ce petit parfum de feuilles de Cabernet, renforcé je pense par une note poivrée du Petit Verdot. Il y a encore beaucoup à venir ici et ce vin est, dans l'ensemble, assez austère pour La Fleur-Pétrus, mais il sera excellent avec le temps. Peut-être le plus complexe des Pomerols de Moueix cette année. 95-97+.

 

Le Gay (Pomerol ; 95% merlot ; 5% cabernet franc ; rendement final de 42 hl/ha ; 14% d'alcool ; dégusté lors de la dégustation presse de l'UGCB à la Cité du Vin puis au Gay avec Henri Parent). Moins robuste et plus floral qu'il ne l'est souvent, avec du safran et des violettes, des iris et des pivoines qui se mêlent aux baies sombres et plus légères ; des cerises avec de l'aération et de l'huile de noix également. Tendu et chargé, avec cette minéralité légèrement ferreuse qui se manifeste en milieu de bouche. La structure est moins large que celle du 2022 et, par conséquent, plus délicate et subtile à l'entrée, avec des tanins gracieux et assez fluides. Mais dans le plus pur style Le Gay, le milieu de bouche lui-même est dense et rempli de fruits intenses, tout en restant sinueux et bien défini. La finale est juteuse et fraîche, et l'on retrouve les notes florales. Un vin très agréable. Un vin de garde, comme il se doit. Une expression très authentique du millésime. 94-96.

 

Gazin (Pomerol ; 89% Merlot ; 7% Cabernet Sauvignon ; 4% Cabernet Franc ; un rendement final de 40 hl/ha ; 13,9% d'alcool ; dégusté lors de la dégustation presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Salé. Cacahuètes grillées. Fumée de bois et un soupçon d'épices douces. Peau de prune, damon et fruits rouges variés, peut-être surtout la mûre de Logan. Un soupçon de cèdre. Sapide et juteux, assez souple et fluide en bouche, bien que les tanins, d'abord doux, gagnent en granularité en fin de bouche. Engageant et assez dynamique, je ne suis pas sûr de le classer dans la catégorie Gazin. Il est plus souple et plus fluide que d'habitude ; je crois déceler un changement subtil de style au fur et à mesure que la gestion de la propriété passe d'une génération à l'autre. Impressionnant de juteux. 92-94+.

 

Hosanna (Pomerol ; 74% Merlot ; 26% Cabernet Franc ; rendement final de 48 hl/ha ; dégusté dans le cadre du vol Moueix à Bélair-Monange). Il est agréable de voir autant de cabernet franc dans ce vin. Fermé au début, il s'ouvre lentement après vous avoir attiré - notes salines, racine de réglisse, cerises très foncées, peaux de raisin, cèdre et graphite et juste un soupçon de violette ; une note légèrement lactique également. Pur, précis, extrêmement et intensément étagé, avec une texture succulente, luxuriante et soyeuse en bouche. Assez sérieux pour Hosanna mais doux avec lui - presque royal - soie et hermine. Très net, précis et concentré sur la finale, il sera excellent. Il est moins séduisant qu'il ne l'était auparavant et il est frais et calme dans ce millésime. Il faut faire preuve de patience, mais cette patience sera récompensée. 93-95.

 

L'Innocence de Séraphine (Pomerol ; 75% Merlot ; 25% Cabernet Franc ; 14% d'alcool). Aromatiquement explosif, même dégusté par une journée plutôt froide et couverte à Bordeaux au début de la période des primeurs. Des cerises noires dodues, des myrtilles sauvages et un peu de cassis, un ou deux tours de moulin à poivre (et encore un ou deux tours) et du graphite. En bouche, ce vin est grand et audacieux pour un second vin, dans une sorte de style Jonathan Maltus. Les tanins sont un peu robustes en fin de bouche, mais ce vin est bien fait et a juste besoin d'un peu de temps en cave. 88-90.

 

La Grave à Pomerol (Pomerol ; 89% Merlot ; 11% Cabernet Franc ; dégusté dans le cadre du vol Moueix à Bélair-Monange). Joli fruit à noyau noir incrusté de graphite - cerise griotte et peut-être un peu de myrtille. Séduisant. Frais. La texture glacée de l'entrée en bouche laisse présager quelque chose de léger et de moins dense, mais le vin s'étoffe de façon très impressionnante, avec beaucoup de profondeur et de concentration pour le millésime. Encore une fois, je le trouve un peu monotone à ce stade précoce. Frais et sapide, dynamique et précis sur la finale, que je trouve la plus juteuse des Moueix Pomerols jusqu'à présent. Prometteur. 91-93+.

 

Guillot-Clauzel (Pomerol ; 83 % de merlot ; 17 % de cabernet franc ; issu d'un grand et singulier terroir situé juste à côté du Pin ; dégusté dans le garage banalisé où il est élaboré par Guillaume Thienpont lui-même). Le cabernet brille vraiment dans un cadre scintillant, pur, délicat et délicieux défini par le merlot, semblant presque l'apprivoiser dans le processus. Ce vin est doux et voluptueux à souhait, mais aussi équilibré et tendu, frais et croquant. Le grain du tanin définit très bien les baies, nous donnant l'impression d'une définition baie par baie. Le fruit est incrusté de fleurs et l'expression tannique est assez différente de celle du Vieux Château Certan ou du Pin, dégustés précédemment. Les vendanges sont plus précoces en raison de la différence de terroir et le cœur est plus frais. Il s'agit peut-être du millésime le plus puissant jamais produit ici. Le cabernet franc chante vraiment et semble soutenu par l'étreinte chaleureuse du merlot. C'est un vin qui se tient dans les bras. Sapide et succulent sur la finale juteuse. Un Pomerol très classique et de grande classe. 95-97.

 

Lafleur (Pomerol ; 46% Merlot ; 54% Bouchet ; tiré de son profond terroir de graves ; dégusté avec Omri Ram à la propriété). Les deux cépages ont atteint une qualité égale. Violet, l'essence de lavande du parfumeur. Iris. Grains de café expresso. Un peu d'épices et une pointe de poivre blanc. Myrtilles et fruits des bois avec de l'aération, une belle note de fraîcheur de groseille et de cassis en milieu de bouche. Huile de noix. Bruyère. Iode et coquille d'huître. Un vin intime comme il a tendance à l'être à ses débuts. Texture parfaite. Si frais, si stratifié et pixellisé, si composé. Il est en fait difficile au début de trouver les tanins tant ils sont finement granulés. La forme et le cadre sont sphériques. Et il prend de l'ampleur sur le palais, finissant par repousser les joues et donnant au Bouchet la possibilité de chanter et de danser. Si sapide et succulent. Une telle élévation en fin de bouche. Incroyable. 98-100.

 

Lafleur Gazin (Pomerol ; 100% Merlot ; dégusté dans le cadre du vol Moueix à Bélair-Monange). Le profil fruité est un peu plus sombre que celui du Lagrange, avec des notes de cassis et de fruits briochés plus évidentes. Même pureté et même légèreté. Une belle touche de cèdre rehausse le tout. Plus riche, plus serré sur la colonne vertébrale et plus dense, c'est un Pomerol plus traditionnel dans ce millésime. Une touche de minéralité ferreuse également. Belle composition, mais il manque encore une fois un peu de complexité. Tannins mâchus qui gagnent en granularité en fin de bouche. 90-92.

 

Lagrange (Pomerol ; 100% Merlot ; dégusté dans le cadre du vol Moueix à Bélair-Monange). Bouillonnant, assez dodu, d'une générosité agréable et d'une douceur naturelle. Largement épaulé et doté d'une texture ouverte, mais qui révèle le fruit légèrement étiré. Bien fait, mais manquant certainement un peu de densité et de concentration. Léger et vif, assez lumineux, mais le fruit est étiré sur un cadre assez large. Un peu monotone - mais j'aime le ton. Simple mais pur. 89-91.

 

Latour à Pomerol (Pomerol ; 100% Merlot ; dégusté dans le cadre du vol Moueix à Bélair-Monange). Toujours un peu un favori et il ne déçoit pas, même dans un millésime où l'on s'inquiète peut-être un peu pour les merlots monocépages. Cerises noires, griottes, cèdre, graphite. Sombre, frais, frais, dodu et assez moelleux aussi. Plus de notes de cèdre et un peu de pétale de rose à l'aération - un soupçon de violette également. La bouche est ample, cylindrique et d'une compacité impressionnante, dessinant une belle forme à travers le palais. Les tanins sont considérables, mais toujours gracieux, et ce vin aura besoin de temps. Il est assez massif, la minéralité se développant avec les tannins en vue d'une longue finale. Un peu de queue de poisson aussi. Impressionnant. 92-94+.

 

Lécuyer (Pomerol ; 75 % merlot ; 15 % cabernet franc ; 10 % cabernet sauvignon ; 3,4 hectares répartis sur 4 parcelles, trois contiguës à Clinet et une autre près de Beauregard, achetées par Ronan Laborde en 2021 ; rendement final de 44 hl/ha ; 14 % d'alcool ; dégusté à Clinet). Ce n'est que le deuxième millésime sous le régime de Clinet. Vraiment spécial dans le contexte du millésime. Cerises noires, cassis, très pur et tout à fait dans le style de Clinet, un peu de bois de santal et un soupçon de pivoine, des pétales de rose confits. Glorieusement doux et tendre, densité considérable, très impressionnant en effet. Il y a beaucoup de substance ici et beaucoup de pureté également. Long et étagé. 93-95.

 

Maillet (Pomerol ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). Assez floral - pétales de rose et pétunias, plutôt printanier, avec des baies rouges à côté d'éléments plus sombres et automnaux. Assez herbacé, une touche de thym sauvage, et une belle touche de feuillage qui surgit du fond de la bouche pour apporter de la définition et de l'intérêt au milieu de la bouche. La finale est sapide et moins boisée qu'auparavant. Une réussite. 91-93.

 

Mazeyres (Pomerol ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). L'arôme est ferreux, avec des notes de prune, de prune cuite et d'épices douces, ainsi qu'un peu de cassis. Le milieu de bouche est assez serré et richement rempli, mais les tanins sont, dès l'attaque, très perceptibles et, s'ils ne sont pas exactement grossiers, ils semblent attirer l'attention, distraire et perturber l'écoulement du vin sur le palais. Il a besoin de temps, mais il est un peu sévère et solide pour l'instant. 89-91.

 

Le Moulin (Pomerol ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). La bruyère et les herbes sauvages ainsi qu'une agréable douceur naturelle dans les baies sombres et les fruits à noyau rendent ce vin distinctif sur le plan aromatique. Ample et presque opulent pour le millésime à l'attaque, il est assez sinueux en milieu de bouche avec des tanins très raffinés qui confèrent une qualité soyeuse à la sensation en bouche. Il n'est pas terriblement dense ou concentré, mais il est plutôt souple et fluide et je respecte et admire ce choix. La finale est juteuse. 90-92.

 

Moulinet (Pomerol). Le vin est expressif sur le plan aromatique, avec des notes de prune, de cerise rouge et de mûre de Logan, un peu d'épices douces (mais juste un peu) et une belle sensation d'élévation et de clarté. Une agréable douceur naturelle se dégage de l'attaque, puis une combinaison de tannins et d'acidité pince le vin et l'étire sur la colonne vertébrale. Serré, un peu strict peut-être, mais avec une bonne substance et bien soutenu en finale. Minéralité nettement saline. 89-91.

 

Monregard La Croix (Pomerol ; 1 parcelle de Merlot sur 1 hectare sur un terroir sablonneux ; un rendement final de 39 hl/ha ; pH 3,56 ; 13,5% d'alcool ; au bas de la pente descendant du Clos du Clocher à côté de parcelles pour Blason de L'Evangile ; 2023 était la troisième année de conversion à la viticulture biologique ; dégusté au Clos du Clocher). Jolie chair de prune et de pruneau, un peu de cerise rouge également. Ample et assez large. Muscade. Sauge. Feuilles de laurier. Succulent, souple et doux. Beau milieu de bouche lumineux, généreux et substantiel, mais juteux et sapide. Les tannins en fin de bouche tendent un peu vers la sécheresse. Simple et rond. Bien géré malgré les difficultés du millésime sur un tel terroir. Une note mentholée en fin de bouche. 91-93.

 

Montviel (Pomerol ; 80% merlot ; 20% cabernet franc ; rendement final de 35 hl/ha ; 14% d'alcool ; dégusté au Gay avec Henri Parent). Joli. Une légère note de pétale de rose et un léger soupçon de violette, qui se développent avec un peu de douceur dans le verre. Poivre blanc. Coquille de noix. Le fruit est agréablement sucré à l'attaque, mais l'acidité est assez forte et se développe en milieu de bouche. Très linéaire. Assez extrait, mais sans sécheresse. Il a besoin de temps et présente un potentiel de vieillissement important. Agréable et épicé, il se distingue par sa minéralité. 90-92.

 

Nénin (Pomerol ; 67% Merlot ; 30% Cabernet Franc ; 3% Cabernet Sauvignon ; rendement final de 46 hl/ha ; 7% vin de presse ; IPT 65,6 ; pH 3,68 ; 13,39% alcool ; dégusté à la propriété). Épicé. Salin. Une touche de minéralité ferreuse de Pomerol. Cèdre et graphite autour de la cerise et du fruit de Damas. Belle charpente serrée. Pas trop ample, ce qui lui confère une bonne profondeur. Concentré en milieu de bouche. Riche et dodu. Quelques tanins à résoudre, mais un bon Pomerol qui durera et évoluera très bien. Joliment formé et un peu dans le style Las Cases, avec un excellent potentiel de vieillissement. Finale précise et concentrée. 92-94+.

 

La Patache (Pomerol ; 90 % merlot ; 10 % cabernet franc ; 2,62 hectares ; un rendement généreux, comme dans tous les domaines des VIgnobles K, avec pratiquement pas de mildiou ; dégusté à Bellefont Belcier). Dodu, moelleux et doux et, comme l'Enclos de Viaud, une véritable bouche qui explose les joues de fruits frais et sapides - très caractéristique du millésime. Une belle floralité douce et subtile. Pétales de rose, graines de sésame, fruits bleus et plus foncés, bois de santal. Densité et concentration impressionnantes. Pureté et précision, tanins au grain très fin. Très bien fait. Tendre et juteux. Un pas de plus dans la finesse. 90-92+.

 

Les Pensées de Lafleur (Pomerol ; 70% Merlot ; 30% Bouchet ; seulement 0,6 hectares face aux bâtiments du château ; dégusté avec Omri Ram à la propriété). Violette, lys, iris, lavande et romarin, cèdre et graphite, myrtille et cerise noire. Un soupçon de tabac, mais juste un peu. Feuille de laurier. Thym. Bruyère. Fabuleusement coloré et pixellisé. Le Bouchet chante vraiment, dès l'ouverture, apportant une couleur et une pixellisation supplémentaires à un cadre défini par le Merlot dodu et moelleux. Dynamique et énergique, avec des impulsions rayonnantes et ondulantes de jus de baies succulentes et vibrantes. Le cadre expansif rend ce vin encore plus lumineux et cristallin en milieu de bouche, avec des tourbillons et des ondulations de fraîcheur qui remontent des profondeurs de la piscine à miroir. Il est si expressif de son origine. Et si succulent et sapide en finale. 95-97.

 

La Petite Eglise (Pomerol ; 90% Merlot ; 10% Cabernet Franc ; 82% de chêne neuf ; 14,4% d'alcool ; dégusté avec Noemie Durantou à Eglise-Clinet). Eucalyptus, menthe, cèdre, baies noires écrasées et un peu de damon. Fleurs de bruyère sauvage, ajoncs et violettes. Très fruité, très intime, très frais et séduisant et tout à fait magnifique sur le plan aromatique. Il y a une belle tension aromatique entre les notes de merlot (cerises) et la fraîcheur des baies de cabernet. La texture est gracieusement douce, ce qui renforce la fraîcheur et la précision du vin. Pas trop ample, mais avec une concentration proche de celle d'un trou noir au cœur du vin. Vitreux, limpide, raffiné et suprêmement élégant. Sapide et succulent, très juteux et tout à fait superbe. 93-95+.

 

Le Petit de Petit Village (Pomerol ; 88% Merlot ; 12% Cabernet Franc). Classique. Graphite. Violette et roses, pétales charnus cueillis dans tous leurs détails picturaux pixellisés. Une touche de cerise noire. Une belle note de sous-bois également. Soyeux en bouche. Brillant. Voluptueux. Svelte à l'attaque, élégant et somptueux en milieu de bouche où l'acidité le soulève et l'étire verticalement. Cristallin. Limpide. Gracieux. Plongeant dans la piscine. 91-93.

 

Petit Village (Pomerol ; 65% Merlot ; 25% Cabernet Franc ; 10% Cabernet Sauvignon ; pH 3,8 ; rendement final de 36 hl/ha, plus élevé que ces dernières années, et dû en grande partie à l'âge avancé de nombreuses vignes et à la replantation récente ; 13,5% d'alcool ; dégusté à la propriété juste avant l'ouverture du nouveau chai). Plus minéral que le Petit. Plus expressif verticalement aussi. Plus dynamique et plus chargé, mais un peu plus fermé, du moins au début. Cerise noire, myrtille et réglisse, une belle note feuillue de cabernet franc. Violette et pivoine. Riche mais pas aussi massif que le 2022 ou le 2020. La délimitation est excellente. Il est large et ample, avec des couches soyeuses de fruits noirs frais, superposées les unes sur les autres, les tanins à grain ultra fin indiquant la superposition plutôt que les extrémités. Fluide, léger et chatoyant. Très long, très fin. Très bien composé et très cristallin dans son nouveau style. Ultra-nouveau classique. Avec de belles notes basses de cerises et de myrtilles qui s'élèvent au-dessus de l'orchestre. 94-96+.

Petrus (Pomerol ; 100% Merlot ; dégusté à Petrus avec Olivier Berrouet dans ce qui ressemble désormais à un pèlerinage annuel). Une magnifique sensation de sérénité s'échappe du verre. Des baies mûres et pulpeuses, pixellisées et parfaites - mûre, ronce et mûre de Logan, prunelles, avec une aération peut-être un peu de peau de prune. Graphite, pas encore de cèdre et un peu de sous-bois. Feuille de laurier. Safran. Et tout cela semble très naturel. Extrêmement frais et croquant. Infiniment pixellisé et incroyablement détaillé. Mais avec retenue et calme. Majestueux, monumental et magistral, mais avec une grâce et une légèreté incroyables. Ample dès l'attaque. Et pourtant, il se développe davantage dans le verre. Profond et si infiniment stratifié - cette cascade qui descend verticalement vers les profondeurs froides et sombres de l'océan. Cristallin, limpide, avec de délicieux petits courants et ondulations qui ne montent pas tant d'en bas qu'ils ne circulent, comme de petits tourbillons, mais qui changent au fur et à mesure que le vin évolue sur le palais pour conserver sa concentration et son intérêt. La finale est intensément sapide après la succulence du milieu de bouche. Glaciale et vitreuse, mais plus vibrante et vive que cela ne le laisse supposer. Brillant. Un Petrus aussi limpide, souple et sapide que jamais. Un triomphe. 97-99.

 

Le Pin (Pomerol ; 100 % merlot ; rendement final de 40 hl/ha ; pH 3,75 ; 14 % d'alcool ; dégusté avec Jacques Thienpont et Diana Berrouet Garcia au Pin). Sans faille. Posé. Autoritaire. Intense. Floral, avec de la pivoine, de la glycine, de la jacinthe et du safran. Fruits noirs et enrobés de graphite. Et comme il s'ouvre merveilleusement dans le verre, il y a de plus en plus de fruits à noyau de cerise. La charpente n'est pas massive et est d'autant plus parfaitement sphérique. Son profil fruité est très violet-bleu-noir. Frais - un miroir de fraîcheur, avec la texture vitreuse et glaciale que cela implique. La texture la plus fine de l'attaque du millésime. Tout simplement magique. Plongez dans la piscine. C'est comme plonger dans un lac cristallin la nuit. Une pureté merveilleuse. Vraiment spécial et tout à fait sublime avec une harmonie inégalée dans le millésime. Introverti et introspectif, peut-être, mais d'autant plus séduisant et captivant. 98-100.

 

Porte Chic (Pomerol ; 70% Merlot ; 25% Cabernet Franc ; 5% Cabernet Sauvignon ; rendement final de 45 hl/ha ; dégusté à La Dominique). Un vin qui, dans les derniers millésimes, a commencé à devenir un ami. Frais, vif, brillant et extrêmement croquant dans ses fruits noirs, avec un peu de framboise également. Juste ce qu'il faut de fraîcheur. Un soupçon d'encens et de thym sauvage. Jacinthe. Souple et soyeux, très finement texturé, ce vin est sapide, croquant, net et juteux. Hautement recommandé. Un Pomerol de premier ordre à un prix très raisonnable. 92-94+.

 

Rouget (Pomerol ; 80% merlot ; 20% cabernet franc ; rendement final de 30 hl/ha ; 14% d'alcool ; dégusté lors de la dégustation presse de l'UGCB à la Cité du Vin). Doux et enveloppant, séduisant et engageant, avec un généreux fruit de cerise noire. Un peu de cèdre aussi et un soupçon de pivoine. La bouche est substantielle avec un noyau central bien défini et assez compact, chargé de jus de cerise. Ce noyau tourbillonne et crée de jolis tourbillons de fraîcheur. Pas terriblement complexe, mais tout de même charmant. Intensément juteux. 92-94.

 

De Sales (Pomerol ; 85 % merlot ; 10 % cabernet sauvignon ; 5 % cabernet franc ; seulement 18 % de chêne neuf). Dans un millésime où les vins de Pomerol sont très floraux et où la floralité inhérente aux vins de Margaux est presque un peu pomerolienne, ce vin est un Pomerol presque margellais, comme c'est souvent le cas (c'est le cabernet sauvignon qui est en cause). Délicat et frais, une belle note presque résineuse de cabernet franc surgit aromatiquement comme pour rompre la tension superficielle dans le verre et aussi en bouche - en milieu de bouche pour être précis. C'est comme une bouche d'incendie de sapidité et de fraîcheur qui apporte également une note mentholée fraîche. De grands progrès ont été réalisés dans ce domaine au cours des derniers millésimes. Impressionnant de densité et de compacité pour de Sales, mais il ne perd rien de sa typicité de vignoble plus frais. Très typé cabernet. Certains le trouveront peut-être trop frais, moi je l'adore. 92-94.

 

Séraphine (Pomerol ; 100% Merlot ; 14,5% d'alcool). Le nez est rond et cossu, avec des tonnes de cerises noires parfaitement mûres, un petit soupçon de cèdre à venir et une ou deux torsions du crayon de plomb qui tourne dans son taille-crayon. L'aération révèle la floralité de la violette. Large, doux et tendre, avec une belle douceur naturelle, assez rare dans le millésime et qui contraste, par exemple, avec le Clos Cantenac dégusté juste avant. L'acidité est encore assez élevée et ce vin n'est pas aussi riche ou profond que dans un certain nombre de millésimes récents, mais c'est un vin équilibré et réussi dans le contexte du millésime. 92-94+.

 

Taillefer (Pomerol ; dégusté lors de la dégustation du Grand Cercle à La Dauphine). Assez salin avec des prunes cuites et des cerises flétries, cette minéralité ferreuse de Pomerol évoquée dans le nom de la propriété, ainsi qu'un peu de romarin et de lavande. Il y a aussi une floralité délicate qui rend ce vin très expressif de son terroir. Les tanins sont également plus raffinés qu'auparavant. Bien géré. 89-91.

 

Trotanoy (Pomerol ; 100% Merlot ; le dernier de la volée Pomerol à la dégustation Moueix, cette année à Bélair-Monange). Réticent au début. Presque timide. On sent d'abord la texture. Du cachemire liquide. Doux, enveloppant, gracieux, voluptueux. Très pur et cristallin. Violette, pétales de rose, patchouli - juste un soupçon - peau de cerise noire et mûres, myrtilles sauvages aussi. Plus frais et plus sombre que La Fleur-Pétrus. Moins vif peut-être, mais peut-être plus éthéré. Presque un peu gothique dans sa noirceur. Graphite. Minéralité pierreuse - pierre à aiguiser, pierres concassées. En bouche, il est, comme Hosanna, assez salin. Réglisse noire. Fruits noirs et noyaux de cerise. Très substantiel, dense et compact, mais en fait sur une trame plus large et plus cylindrique que n'importe quel autre vin de Moueix. Impressionnant et très proche d'un vin de garde à ce stade naissant. Il s'agit d'un excellent Trotanoy, mais il ne plaira pas aux foules dans sa jeunesse. Mais tous les ingrédients sont là. 95-97+.

 

Vieux Château Certan (Pomerol ; 82% Merlot ; 18% Cabernet Franc ; pH 3,74 ; rendement final de 43 hl/ha ; 14% d'alcool ; dégusté à la propriété en présence de quatre générations de la famille Thienpont - ce fut un privilège de partager ce moment). Glorieusement floral, avec une charge de violettes fraîchement cueillies, un peu de glycine aussi (comme si elle provenait des bâtiments du château). Graphite. Incroyablement fruité foncé. Texture la plus proche du Pin en termes de qualité et de pixellisation. Coquille de noix et huile de noix. Introspectif. Frais. Limpide. Texture aérienne. Avec l'aération, le cèdre commence à se développer, ce qui le rend encore plus beau. Ce vin glisse et flotte, remplissant la bouche comme s'il partait du haut vers le bas. Il est kaléidoscopique. Le cadre est un peu plus large que celui du Pin, ce qui accentue les bords ondulés des fines couches de soie qui semblent former le cœur du vin. Une expression fraîche, subtile et sublimement belle du millésime. Exquis. Beaucoup plus éthéré que le 2022 et au moins aussi bon. Classique, mais d'un classicisme moderne. Très juteux et c'est ici que la salinité s'installe pour former une merveilleuse queue de poisson sur la finale. 97-99.

 

La Violette (Pomerol ; 1,68 hectares de graves fines et seulement 5 500 pieds ; 100 % merlot ; rendement final de 30 hl/ha ; les baies sont égrappées à la main et placées dans des barriques pour la vinification ; 14 % d'alcool ; dégusté au Gay avec Henri Parent). Il est à la hauteur de sa réputation et de son nom dans ce millésime. Violette, essence de violette du parfumeur, violette confite, roses confites, pot pourri et un peu de menthe fraîche. Un soupçon de vanille provenant du chêne, mais il est déjà presque entièrement incorporé. Graphite, mûres et un peu de cerise noire. Pétale de rose et eau de rose également. Tellement doux et raffiné, avec une texture ouverte, légère et faussement légère. Mais il y a aussi du poids et de la densité, c'est juste un peu déguisé. La bouche est pixellisée, précise, joliment focalisée, très fluide et sinueuse. Long et effilé, avec une note de poivre noir de plus en plus prononcée qui persiste en finale. Excellent. 94-96+.

 

Vray Croix de Gay (Pomerol ; 98% merlot ; 2% cabernet franc ; rendement final de 34 hl/ha ; 14,5% d'alcool ; 10-12k bouteilles produites ; nouvelle étiquette pour le millésime). Dodu, moelleux et brillant avec une touche de chêne encore en cours d'incorporation. Cristallin. Très épicé et très salin également, ce qui lui confère une personnalité bien distincte. Tannins gracieux mais avec une acidité prononcée et élevée en finale qui contraste avec le milieu de bouche lumineux et dense. Réglisse pure en fin de bouche. 91-93.

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